Décider de s’engager sur le Chemin de St Jacques à l’aide de son sac-à-dos pour des centaines de km à pieds de paysages en paysages à travers le beau temps, la pluie, la canicule, le froid, de fait crée un lieu spatio-temporel délimité.
Ça peut paraître assez fou vu de l’extérieur, un mystère, un truc complètement irrationnel.
Ce chemin nous contraint à pratiquer des vertus comme la frugalité, la persévérance, l’ouverture d’esprit, la patience, le courage, et parfois aussi la générosité quand on aide un autre pèlerin (lui donner une boîte de cassoulet par ex ^^). L’humilité aussi (marcher des heures, être heureux de faire une pause de 15 mn et de boire de l’eau, ça rend modeste et humble). La chasteté aussi (est-ce une vertu?:)). Le détachement des choses matérielles.
C’est un chemin d’ermite pendant une période de temps donnée. Un chemin d’Hermite aussi (allusion aux enfants d’Hermès, les alchimistes).
Quitter le monde du quotidien, et pour un temps donné, pénétrer un « lieu » sacré où l’on se retrouve.
De même une part de l’alchimie a pour effet en partie le perfectionnement moral. L’alchimiste pratique à l’aide d’un creuset, d’un athanor comme on dit dans ce milieu, pour fondre les métaux, séparer le subtil de l’épais. Atteindre le perfectionnement de sa propre nature à partir d’un objet. L’objet transformé transforme aussi l’agent par le biais d’un art.
Le creuset on peut le trouver dans notre vie de tous les jours, dans la vie du couple, de la famille, l’amour de nos proches… On creuse en nous, dans notre part sombre, dans notre part lumineuse, les deux. Les deux finissent par se distinguer facilement. le Chemin est un athanor encore plus contraint qui nous prive d’une certaine liberté dans l’exercice ou non de certaines vertus, qui nous oblige à les pratiquer et nous incite doucement à une méditation et même des prières. Un athanor qui nous catalyse et nous forge pour devenir un métal plus précieux, plus près de cieux peut-être. Et peut-être trouver l’inaccessible étoile au bout du chemin.
L’une des étymologies du chemin est compost stella… l’étoile (stella en latin) à partir de la boue (du compost), de la première matière de l’œuvre.
Et quand je ne sais plus bien pourquoi je parcours le Chemin, hé bien penser à cet athanor, et cette étoile qui m’attends peut-être au bout de l’effort.
V.I.T.R.I.O.L Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultam Lapidem
( « Visite l’Intérieur de la Terre et en Rectifiant tu Trouveras la Pierre Cachée » ), l’acide, selon les alchimistes, qui permet de trouver la pierre cachée à l’intérieur de nous, l’âme…
Je parcours le chemin de St Jacques depuis 2018, tronçon par tronçon depuis ma bonne ville de Metz. Comme je prends des photos de chaque étape dans des albums sur Facebook pour me souvenir, parfois, j’écris des commentaires brefs, lapidaires qui au final donnent une idée de ce qu’on peut vivre comme cheminement intérieur jour par jour, in vivo. On trouvera aussi quelques échanges avec des internautes. La temporalité des post est assez anarchique, pas vraiment chronologique. Ce n’est pas un récit. Ce n’est pas organisé, c’est du brut. C’est parti mon kiki :
**Ça n’a pas l air sur les photos mais j’ai souffert « ma race » à cause de la chaleur. Sinon j’ai été très très bien accueilli par un couple d anciens pèlerins pour la nuitée. Il faut le dire, en fait ce sont les rencontres qui fond le sel du chemin. Et j’ai fait plein de rencontres enrichissantes. Mais c’est trop long d’en parler ici.
**Faire le chemin de St Jacques, c’est se confronter au manque en tant que tel mais aussi à la peur du manque. Manque de confort, de vêtements, de nourriture, d’eau, de vie sociale, manque de force.
**Certains envisagent de passer la nuit dehors sans problèmes, d’autres pas, ont besoin de planifier. Chacun sa façon de faire, de vivre la chose. Avec une contrainte bien réelle : le poids du sac.
** *** St Jacques 2023 : de St Parize Le Chatel à Le Veudre (journal de bord) ***
Quelques épisodes pluvieux (comme on dit à la météo). Pas trop intenses mais quand même. Sortir le truc qui protège le sac à dos et le vêtement de pluie (dont la marque est “Trespass”, je remarque). Le problème avec la pluie, c’est que les pieds finissent par mouiller avec la sueur et la pluie qui s’infiltre. Du coup les pieds sont fripés comme à la piscine. Ça favorise les ampoules. Donc mettre du compeed à l’arrivée. Enfin, Quelques chemins de terre. Belle vue sur la rivière l’Allier. Demain, je bifurque sur le GR300. Ça devrait être plus sauvage.
** ** Jacques 2023 : de Chantelle à Ébreuil, une belle étape mais bien plus longue que je ne pensais. À la fin, j’étais rincé, ivre de fatigue, au bout de ma vie (c’est la chaleur qui complique tout) .**
** Le chemin de St Jacques a beau être tortueux, c’est le « droit chemin ».
** St Jacques 2023 : de Nevers à Clermont-Ferrand **
Ce matin, conférence sur l’alchimie spirituelle dans le quartier de Nicolas Flamel à Paris par un rosicrucien, et arrivée à Nevers où je « rencontre Bernadette Soubirous ». Un grand mystère émane de sa vie et de son corps enchassé dans un cercueil transparent qui repose dans une petite chapelle… je vais dormir à côté dans le dortoir réservé aux pèlerins. Je ne pensais pas que la voir me fascinerait autant et me ferait ressentir le mystère. Demain, marche.
** **Préparation st Jacques.**
Poids incompressible tente comprise : 7,4 kg tente comprise
Hors tente : 5,7 kg
Donc problème de math : combien pèse la tente ? Si vous avez des enfants en bas âge, c est le moment 😁.
De toute manière, me faut une tente 🤔.
Tente et vêtements compris : 9,2 kgs. 🤔
Question : combien pèsent les vêtements ? 😁
** La remise en forme continue… demain piscine. En vue du chemin de St Jacques.
** Avec le temps, on apprend à prendre que le strict nécessaire. Et on apprend que finalement, ça suffit à vivre (littéralement).
Le mien de sac d’année en année maigrit : 8,5 kg. Pour un poids de 84 kg (hum et encore j’étais « modeste »), ça le fait. Je ne devrais pas trop souffrir 🤞.
Entre Metz et Le Vézelay, le chemin n’est pas très organisé, pas forcément de logement, de points d’eau (même pas de cimetière à proximité !), ni de point de ravitaillement. La Haute-Marne (ah le chemin entre Langres et Is-sur-Tilles…) a été le pire des trous perdus de ce point de vue. 😛
Bref à partir, du Vézelay, logement, ravitaillement, tout est prévu pour le pèlerin (en particulier des monastères accueillant généreusement). Pas besoin de prévoir tente, 4 litres d’eau, plus la nourriture. Et des étapes pas trop longues…
Par contre la chaleur forte demeure 🥵.
** C’est sûr que là, ils (les pieds) gagnent une importance démesurée. Faut les chouchouter.
** Je pensais pas que ce serait autant 😁. Demain normalement c’est moins ! 🥴🥴. C’est prendre les GR, on a toujours des surprises même si le chemin est sympa.
** de 8h à 19h… J’avais mis des compeeds en prévention, ça a payé.
Par contre les épaules ont pris !
** (à propos d’une statue) Celui de droite a l’air d’être saint Roch, le saint anti-peste, un noble de Montpellier, il montre sa jambe dans les représentations car il y a à cet endroit un bubon. Il est accompagné d’un chien. C’est un saint lié aux pélerinages. (internaute)
— Oui on peut songer aussi à la carte du Fou du tarot de Marseille. (moi)
— Le Fou (la carte du tarot). Il est hors jeu. En dehors du cycle d’initiation. Cela représente soit le vrai fou qui a perdu la tête, et fait n’importe quoi, soit le sage extrême, totalement détaché. Donc il faut toujours le compléter.(internaute)
— Je le vois aussi comme celui qui voyage à travers toutes les cartes de manière symbolique. Il y a un très bon livre sur cet aspect initiatique du tarot de Marseille (moi).
** ** St Jacques 2023 : de Combrondes à Riom (ville juste avant Clermont-Ferrand), terme du Chemin cette année **
Des paysages aux vues sans fin. Je ne sais pas si les photos rendent vraiment compte de cet horizon très lointain avec au loin les contreforts du Massif Central.
** – Il est intéressant de constater que Marie ne s’est manifestée qu’aux plus humbles parmi les humbles. (internaute)
— oui c’est vrai que Bernadette était pauvre parmi les pauvres. Et Marie apparaît souvent près de sources. (moi)
** – Ça dépend. Je l’ai commencé depuis chez moi à Metz. Et entre Metz et Le Vézelay, on passe par des trous perdus notamment en haute Marne et côte d or, où il n’y a pas, peu ou pas assez d’hébergements et très peu de point de ravitaillement.
À partir du Vézelay, l’un des points de départ du St Jacques en tant que tel, effectivement, c’est plus structuré voire l’autoroute 🤪. Mais mon objectif cette année, c’est le Vézelay depuis Is-sur-Tille (près de Dijon).
** – (internaute) En France, sur les chemins non conventionnels, il n’y a pas vraiment de couchages adaptés. Nous, nous sommes partis de chez nous, sud Bretagne et nous dormions principalement en chambre /table d’hôtes. Dès st Jean d’angely, et le chemin de Tours c’est déjà plus facile. Ensuite une fois à Roncevaux, pour le camino francès les auberges et dortoirs sont pléthore mais toujours réserver même en période pré estivale.
**- (internaute) Et que se passe-t-il dans l’esprit ?
— that’s the question. (moi)
— La paix ?
— Ça dépend un peu des pèlerins. En tous cas, liberté, casser la routine, prendre du recul sur notre vie au quotidien, humilité (vu la dureté, la rusticité du chemin…), questionnement spirituel ou religieux… Le moi profond qui prend le contrôle finalement. Ouverture d’esprit car on fait pas mal de rencontres différentes et intéressantes.
** demain, dernière étape jusqu’au Vézelay. Je vais délaisser le chemin en tant que tel et prendre le GR qui me paraît plus beau. Ne loupez pas Avallon ça vaut nettement plus le détour que Semur-en-Auxois.
** – Très belles photos ! (internaute)
— merci ☺️, il y en a quelques-unes de pas mal mais je n’avais pas trop de temps pour la contemplation 😁.
** – Auteur et photographe. Tes 2 regards sur le monde. (internaute)
** Je me suis pris une bonne rincée ^^
** – Bon courage et merci pour ces belles photos ! (internaute)
— merci demain j’entre au monastère pour 5 jours (moi).
— Sérieux ?
— Ben oui.
— J’avoue que l’expérience me tenterait bien mais je n’aurais pas le courage…
— pourquoi le courage ? C’est super agréable !
** Pas totalement. Bien sûr il y a la règle du silence (que j’adore) mais tu es intégré dans la vie de la communauté et un moine me guidera pour les exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola.
** – Bon pieux repos. Partagerez-vous les offices ? (internaute)
— Je vis au même rythme que les moines, repas et offices, bon pas ceux de la nuit. Mais je profite au maximum de ce séjour (moi).
** Des tentes d’hôtes dans une grange restaurée, nouveau concept 🤭😁… bons prix.
** – J’espère que tu as apprécié Dijon ? C’est une ville magnifique (internaute).
— Je n’ai pas voulu tout voir. Je me suis concentré sur l’église Notre Dame où j ai pris plaisir à me recueillir. De très beaux vitraux. Du peu que j ai vu, ça m’a semblé une jolie ville. (moi)
** – Je reconnais le parc Darcy, notre dame et les petites rues autour ^^, on s’est peut-être croisés lors de mes allers-retours au travail 😊 (internaute)
— en tous cas, j’ai formulé mon vœu à la chouette ^^. (moi) (Il y a une chouette en pierre très célèbre à Dijon que l’on caresse pour exaucer un vœu)
** Rigny saint Martin, curieuse église circulaire
— Tu la visites ? (internaute)
— Pas eu le temps, l’orage menaçait. (moi)
— Ah, mince mince.
** – Que la Vierge veuille protéger son fils du virus (c’était l’époque du COVID), ok, mais quid du reste de la crèche ?? (internaute)
— c’est une façon de voir les choses. (moi)
** – Je dors à la basilique ❤ (celle de Dom Remy). C’est pour les pèlerins de passage. Endroit magnifique.
— Tu vas faire de très beaux rêves. (internaute)
— je te dirai. C est particulier comme endroit ^^.
— Tu aimes ?
— Oui beaucoup
** – T’es courageux JBM. (internaute)
— C est vrai qu’il faut de la volonté mais ça nous dépasse un peu cette envie de pérégriner. Un peu comme l’envie d’écrire en fait. Tu vois ?
**- Très beau parcours.
— J’ai discuté avec les amis du Vézelay pour la suite du chemin. A priori ce sera vers Nevers. Ça a l’air chouette. Après je sais pas si j arriverais à Nevers en une seule fois. Ça dépend de mes congés.
— C’est admirable, je sais pas si je pourrais faire ça. (internaute)
— Je ne pense pas du tout. Sorry 😁😁😂😂. (moi)
** – Je n’en doute pas… mais faut quand une capacité physique !! (internaute)
— La capacité physique, ça se prépare. Si tu le veux, tu le fais. J’ai croisé un homme de 70 ans qui le faisait en portant sa tante euh sa tente ^^. Vraiment c’est une question d’envie sur le chemin. Ça ne s’explique pas. Pour les autres randos, c’est différent la motivation. Envie de découvrir une région, etc. Mais le chemin, c’est différent. Irrationnel.
** – Revenir dans le quotidien, mais forcément un peu différent car ce genre de périple est un moment fort d’introspection et de réflexion.
— Ce genre de périple renforce ton intimité avec toi-même. Et rend plus vrai et plus fort oui je pense. Moins sujet à se laisser aller à être un automate de la vie.
** – Magnifique. Apaisant (internaute)
** – Je veux bien l’adresse du monastère.
— Abbaye St Joseph de Clairval.
** Une étape très courte mais très riche.
** Une magnifique étape entre Avallon et le Vezelay avec des paysages différents (et des temps variables aussi ^^). Et de vrais sentiers.
Bon j’ai pas trop visité la ville. Ça m’a l’air bien touristique (et puis j’en avais plein les bottes). Juste fait tamponner la crédentiale.
** Après avoir parcouru tout le Chemin de St Jacques de Metz au Vezelay, je m’attaque au chemin proprement dit (la voie dite Lemovicencis) du Vézelay à Nevers pour cette année. En pleine canicule, c’est plus amusant (de l’avantage de devoir poser ses congés en avance (à l’époque du COVID, je n’avais pas le choix)).
** Je pensais pas que cette étape serait si longue 🥴🥴🥴 (plus de 40 km) avec une côte terrible vers la fin (près de la source Sainte Foy).
** Au gîte, il y a un vieux pèlerin allemand avec de la bidoche (^^), c est bien je peux parler allemand, il a déjà fait plusieurs fois le chemin de St Jacques (même en passant par la Suisse !).
Il y a aussi un père assez âgé et son fils dans la quarantaine qui commencent à partir de demain. Le père aussi a de la bidoche 😛. Ils vont vers Limoges tandis que moi je vais bifurquer vers Clermont-Ferrand.
C’est peut-être la dernière fois que je croise des pèlerins pour cette année.🙂
**Le mien d’année en année maigrit : 8,5 kg. Pour un poids de 84 kg, ça le fait. Je ne devrais pas trop souffrir 🤞.
** Entre Metz et Le Vézelay, le chemin n’est pas très organisé, pas forcément de logement, de point d’eau (même pas de cimetière à proximité !), ni de point de ravitaillement. La Haute-Marne (ah le chemin entre Langres et Is sur Tilles…) a été le pire des trous perdus de ce point de vue. 😛
**Magnifique Avallon. Ça valait la peine que je me crève 😂😁.
**Je ne veux pas dénigrer l’Allier… mais dès qu’on passe dans le Puy de Dôme, c’est nettement plus beau.🙂
** un peu de hors piste mais un sentier très agréable (GR2) **
** Le val de Suzon, une jolie découverte. Une étape un peu fatigante tout de même 😅. Dans les 30 km.
** Ça faisait une vingtaine d’années que je n’avais pas vu la Loire (alors que je suis angevin à la base). C’est une émotion. Nevers s’annonce une ville très intéressante. 😊🤓🥸🧙♀️😎
** J’ai bien aimé l’air effaré de la sœur du monastère de la Visitation quand elle a compris que j’avais mis seulement 4 heures pour faire le trajet de Guerigny à Nevers : « Mais alors, vous n’avez pas pris de pause ?😱 — Presque pas ma sœur. »
**Pour beaucoup, le Vézelay, est un point de départ pour le chemin de St Jacques, pour moi, c’est un point d’arrivée d’un périple qui a débuté à Metz…
La suite, l’année prochaine…
** Bivouac sauvage, quelque part au milieu de nulle part, au sud de la Haute-Marne** (St Jacques 2020)
** Demain, départ pour le Chemin de st Jacques. Sac tente comprise hors eau+nourriture : un peu moins de 10 kg.
** basilique du Vezelay (enfin !) photos ci-dessous :
(De Langres à Le Basilique de Vézelay)
** Après l’effort, le réconfort spirituel : très jolie découverte que ce livre dans le gîte où je suis.
** Demain le Chemin me regagne (Contrexeville jusqu’à Langres) **
**Commencer à préparer le tronçon Vézelay-Nevers du chemin de St Jacques pour fin juin. Ça vient vite.
Commencer à être focus mentalement et préparer concrètement les étapes.
** Par rapport, à ce que j’ai connu l’année dernière, j’ai l’impression que le chemin de St Jacques, ça va être du billard cette année…
Rdv dans 15 jours 😁😁😅😅
**Le chemin de St Jacques est un moyen, pour moi, de fuir cette France et ces gens qui, bien souvent, m’horripilent et me déçoivent. Fuir ce monde, se trouver soi. (je ne sais plus à quoi je faisais allusion)
(Réflexion 68 vol. 11)
** ** Bientôt je reprends le chemin de St Jacques donc avec retard je récapitule les épisodes de l’année précédente 😅… ici : un épisode caniculaire 😬😬**
** Le lundi 10 août 2020, le jour où j’ai le plus souffert dans ma chair, où ma volonté en a le plus bavé, je pense. **
** Le chemin de st jacques est la voie de l’alchimiste, car il transforme le voyageur (2013). ((bizarre que je fasse cette réflexion car à cette époque (2013), je n’avais pas encore repris le Chemin (dont j’avais déjà fait un tronçon en 2004 entre le Puy en Velay et Conques), peut-être une graine était en train de germer qui a éclos en 2018 (date de ma reprise, j’espère que vous suivez : p))
** À partir de demain, je serai sur les chemins entre Toul et Langres. Je serai donc nettement moins présent sur mon mur (Facebook) pendant une dizaine de jours.
V.I.T.R.I.O.L : Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultam Lapidem (« Visite l’Intérieur de la Terre et en Rectifiant tu Trouveras la Pierre Cachée »)
Souvent l’un des principaux obstacles pour croire en Dieu et plus encore à sa bonté est d’observer la souffrance, la maladie, la mort. J’ai écrit un texte qui répond à cette très forte objection, un texte à lire ou télécharger gratuitement : « Et la souffrance, bordel ? »
Présentation :
Peut-être connaissez-vous le livre de Job dans l’Ancien Testament de la Bible ? C’est l’histoire d’un mec très vertueux, très croyant. Dieu aime à le citer en exemple à sa cour des anges. Mais l’ange déchu Lucifer est là, et ça le fait bien marrer la naïveté du Seigneur. Pour le malheur de notre homme, Satan dit à Dieu qu’il est facile pour Job de croire en Dieu, car il est riche, a de beaux enfants, bref la vie est belle ! Satan défie Dieu en lui disant que s’il enlève d’un coup à Job, ses troupeaux de moutons, sa famille, ses enfants, etc., Job certainement le maudira. Alors Dieu dit à Satan :
Il s’agit donc d’une chronique sur le livre « Les demeures de l’âme » de Harvey Spencer Lewis publié dans la bibliothèque rosicrucienne. Livre écrit en 1930 et régulièrement réédité.
Le titre « Les demeures de l’âme » fait référence aux corps qui abritent notre âme tout au long de son évolution grâce à de multiples incarnations et à nos différentes enveloppes charnelles, nos corps. Dès le titre donc, en fait, on parle de réincarnation, ce qui n’est pas évident au premier abord.
Rien à voir en conséquence avec le livre « Les demeures de l’âme » de Thérèse de Lisieux qui expose les étapes successives de l’âme dans son chemin de purification et d’union avec le Divin. A noter d’ailleurs que le concept de réincarnation était admis dans le christianisme primitif. Cependant, rien que cette confusion est significative. Car le but de la réincarnation selon des mots rosicruciens est bien « l’évolution vers la perfection de sa propre nature » par le moyen de plusieurs incarnations. Le but est le même mais le discours et la métaphysique sous-jacente bien différents. D’ailleurs de manière opposée aux dualistes qui voit le bien dans le monde spirituel et le mal dans le monde de la matière de sorte que pour eux le corps est un prison, les rosicruciens considèrent non pas le corps comme une prison mais comme un temple, le temple de l’âme.
Cela s’inscrit aussi dans un autre registre que l’hindouisme ou le Bouddhisme qui ont aussi une vision peut-être plus négative du corps puisqu’il faut réaliser une ascèse pour sortir du cycle des réincarnations « le samsara » et atteindre l’illumination. Les rosicruciens ne prônent pas vraiment d’ascèses mais plusune vie réglée de manière spirituelle. En harmonie avec les lois naturelles qui gouvernenttous les plans de l’univers depuis le plus terrestre et matériel au plus cosmique. Je me rends compte au fur et à mesure de ces chroniques que parfois les livres sont plus une source d’inspiration qu’un compte rendu fidèle des livres proprement dits. Donc soyez en conscients !^^
Rappelons tout d’abord que l’auteur de ce livre, Harvey Spencer Lewis, un américain, est le fondateur en 1919 de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC), en ayant tout d’abord été désigné ou « adoubé » par les Rose-Croix de France qui lui ont donné tous les documents nécessaires. Il a été aussi le premier dirigeant mondial de la résurgence de l’Ordre. A ce jour, c’est la principale obédience rosicrucienne dans le monde.
La réincarnation est l’une des principales lois de l’ontologie rosicrucienne, l’adhésion à cette croyance permet de donner à chaque rosicrucien un sens certain à sa vie. Si l’on cherche des preuves plutôt que de simplement croire, on peut en trouver notamment dans le livre « Vivons-nous plus d’une vie » dont j’ai fait la chronique sur ce blog, et qui transcrit des témoignages pour le moins éclairants. Pour en savoir plus sur l’ontologie rosicrucienne dans son ensemble, on peut lire notamment un petit livre essentiel « L’ontologie des Rose-Croix » écrit par le responsable actuel de la loge francophone de l’AMORC, Serge Toussaint. Doncaprès ce détour, c’est le livre ou le texte le plus profond que j’ai lu sur la réincarnation et pourtant je me suis pas mal intéressé au sujet.
Voici la bannière de l’AMORC. Il est noter que mon commentaire ne représente en aucune manière la position officielle de l’AMORC. (FRC)
Le livre aborde les points suivants dont je fais le rapport à ma manière :
* La premier constat que l’on fait lorsque nous commençons à avoir une conscience existentielle est : Qu’est-ce que je fais dans cette galère ? ^^ Ensuite comment être heureux, et de manière un peu indirecte, quel est mon but dans cette vie ? (Le but de notre vie est-il d’être heureux, ça peut se discuter)
* Notre vie est faite d’expériences et de chagrins. Il y a une dualité en nous : l’homme est mortel, et son idéal, ses désirs sont à l’échelle humaine. Pourtant, il y a en lui de manière plus ou moins développée chez les individus, une dimension spirituelle, une personnalité subjective qui demande plus. Dans beaucoup de cultures de par le monde, dans les religions, on s’aperçoit qu’on évoque une part divine présente en l’homme, un segment de conscience divine qui constitue le moi intérieur (or la conscience superficielle ou objective est un segment différent, appartient à la conscience du monde physique par le biais des 5 sens). Bien sûr si l’on nie toute idée de moi intérieur, alors nous ne devenons qu’un simple agrégat de matière animé par des impulsions électriques ou électro-chimiques. Et l’idée de réincarnation est alorscaduque.
Dans la genèse, dans la Bible, il est dit que « Le Seigneur Dieu forma donc l’homme du limon de la terre, et il souffla sur son visage un souffle de vie, et l’homme fut fait âme vivante (traduction de JB Glaire d’après la Vulgate de St Jérôme). » Cette phrase mérite d’être méditée.
* L’homme est donc corps et âme. L’âme est immortelle et le corps, corruptible. Il est donc logique de penser que l’âme survit à la mort du corps dans ce cadre. Mais alors que devient l’âme après la mort du corps ? On peut se demander pourquoi, si l’âme est une partie divine, pourquoi s’incarne-t-elle dans ce bourbier, dans cette galère ? Pourtant le fait est là, notre âme est incarnée. Il semble donc que son incarnation et par voie de conséquences nos expériences terrestres lui soient nécessaires. Pour quoi ? Pour évoluer et apprendre. No pain, no gain.
* D’après les juifs et le Talmuld, l’âme est double, une conscience insufflée par Dieu et l’esprit vital par lequel Dieu inspire l’homme. L’âme serait le siège de la conscience et de l’Intelligence. On peut dire dans une approximation que la personnalité résulte du dialogue entre conscience du corps et conscience de l’âme. Au fur et à mesure de l’évolution de l’homme (des temps les plus anciens jusque maintenant), ces deux consciences évoluent. On peut tirer de ces quelques éléments de réflexion que l’Âme doit avoir une certaine expérience terrestre (sinon pourquoi s’incarner ?), que le corps humain doit pouvoir jouir de cette connaissance (le rôle des cordes vocales et du langage me semblent essentiel) et que le caractère et la personnalité de l’homme doivent être perfectionnés. C’est ainsi qu’une vision, un enseignement rosicrucien, commence à émerger.
* Dans la suite de notre réflexion, il est dit que le caractère forme un peu les caractéristiques de surface de chaque être humain, on pourrait dire le moi social, l’égo propre à chacun. La personnalité est une part plus profonde. Par ex on peut être banquier en surface et avoir pour passion le karaté et être 7ième dan. Et on pourra penser alors que le karaté et les arts martiaux en disent plus long sur la personne que son métier de banquier. Notre personnalité résulte d’une sorte de code de vie que nous avons édifié et d’une mission qui orientent nos actes les plus profonds. En fait on peut mettre en lien personnalité et Moi intérieur. La méditation sur nos expériences, les prières etc. contribuent à l’évolution de notre personnalité. Le moi intérieur tend à élever notre personnalité vers les plus hauts degrés de conscience (c’est vrai que pour certaines personnes, cela n’est pas évident ^^). Parfois, on s’abrite derrière notre moi extérieur pour voiler notre moi intérieur.
* Dans cette perspective, deux visions, la personnalité survit à la mort ou elle finit à sa mort. Ce qui est généralement le point de vue des scientifiques, du moins ceux qui sont matérialistes. Cependant dans le cas de la science matérialiste, la personnalité serait le fruit unique de la génétique… à cela on peut se demander si le libre-arbitre existe (et dans ce cas-là pourquoi me reprocher d’être un assassin au fond ?) et aussi pourquoi avec une hérédité d’ancêtres parfaitement bienveillants, soudain un psychopathe surgit ? Bref ^^. En ce qui concerne la théologie, le souci vient que l’homme créé par Dieu souffre (le livre de Job est magnifique à cet égard). Tout cela au fond nous donne un sentiment d’absurde. L’homme est créé arbitrairement, il n’a rien demandé et s’incarne pour connaître entre autre la souffrance et les péchés que la justice éternelle va lui reprocher. Pas de bol. C’est pourquoi l’homme cherche la vérité. Et la sagesse je dirais.
* On voit qu’il émerge le thème de l’hérédité. Le descendant récolte ce que l’ascendant a semé. Et l’âme vient s’incarner dans le « corps » qui lui est propice dans la pureté ou l’impureté. Et c’est là que la loi de compensation s’incarne. On aura tendance à penser qu’une âme qui a fait le mal s’incarnera dans un corps en rapport. Toutefois, ceci est vu de manière à lui montrer le vrai chemin. C’est sans doute une vue encore assez grossière et culpabilisante mais pas seulement, cela peut mener à nous interroger sur nos infirmités éventuelles, leur sens et aussi les épreuves que nous rencontrons. C’est en gros la loi du Karma. Mais on peut se dire aussi qu’un corps infirme ou malade nous pousse à trouver des réponses, un sens à notre existence. C’est pourquoi en fait la loi de réincarnation permet de dessiner un chemin qui assure une justice universelle et bonne et non pas absurde. Certains naissent dans la pauvreté, d’autres dans la richesse, dans la maladie etc. mais cela peut avoir un sens particulier pour notre âme. La richesse pouvant être un piège pour notre évolution par ex.
* Dans tout cela, on sent une envie de perfection qui dépasse l’homme et une simple existence humaine (Descartes en parlait très bien). Cette envie sourde ou est un véritable maître chez certains individus. Cependant,elle agit en tous. Elle pousse en tous. L’éducation a une influence prépondérante sur le caractère. La force morale permet d’influer sur sa destinée.
* point très intéressant, l’agrégat de personnalités en l’homme. L’âme incarne les vestiges de différentes personnalités développées au coursde différentes incarnations. Cependant nous n’en manifestons principalement qu’une seule (heureusement !). Maiscela peut engendrer de la confusion d notre existence, je ne sais pas imaginons que dans des vies précédentes, j’ai été scribe égyptien, écuyer d’un chevalier, moine, etc. tout ça, il nous faut trouver une cohérence interne tout de même. C’est à dire qu’en fait il y un lien entre ces différentes incarnations et les leçons que nous pouvons en tirer.
* Dans une conception rosicrucienne, l’âme après sa mort renaît au monde spirituel et y demeure quelque temps (bien que je ne sois pas sûr que le terme temps soit approprié même si on pourrait mesurer en théorie le temps entre deux incarnations sur terre). En fait ce « temps » est consacré à une purification de l’âme et un enseignement délivré par l’Intelligence divine (c’est ainsi que les rosicruciens ont tendance à dénommé Dieu, mais bon cela reste une expression pour quelque chose d’infini et d’indicible). C’est aussi un délassement et un repos pour l’âme après toutes les galères vécues ^^. Une régénération, c’est d’ailleurs pourquoi à mon avis, on peut être autant attiré par le monde spirituel au cours de notre incarnation. Chaque âme se repose dans des Demeures (avec un D majuscule) de l’âme qui parsèment le monde spirituel. Et les âmes pourront méditer sur tous leurs errements. Avec un désir brûlant proportionnel à leurs fautes morales.
Et à la fin de leur séjour, elles se réincarnent à moins qu’elles aient atteint un haut degré de perfection et d’évolution. Dans une terminologie rosicrucienne, nous dirions que nous atteignons la perfection de notre propre nature.
Voilà en très gros les arguments de ce livre qui mérite d’être lu et médité dans le détail.
Nous mourrons à la vie terrestre. Nous naissons à la vie spirituelle. Nous mourrons à la vie spirituelle et nous naissons à la vie terrestre.
On peut lire aussi cet article très intéressant sur le réincarnation écrit par Serge Toussaint qui est le responsable de la loge francophone de l’Ordre de La Rose-Croix (une des loges les plus importantes car elle comprends les pays d’Afrique francophone) :
Élève Athenagore (apologiste chrétien du IIᵉ après J.-C.), paradoxalement, par la faiblesse de votre démonstration, vous nous rendez hautement improbable que la résurrection des corps (de chair) puisse exister. Involontairement, vous nous rendez une démonstration par l’absurde que cela paraît invraisemblable, ce qui est le comble pour un philosophe.
Dans une première partie, vous vous essayez bien maladroitement à nous dire que les arguments contre ce concept sont faux, et vous n’y arrivez pas sauf pour les plus fervents de vos admirateurs. Que dire de votre réfutation concernant le fait que les asticots ou autres animaux, poissons, chiens et chats qui mangent les cadavres humains ne puisse rendre caduque l’idée de résurrection des corps ?
Dans une deuxième partie qui est censée être l’argument invincible de la résurrection des corps : À Dieu, il n’est rien d’impossible.
Certes, mais pour autant, est-ce que ça prouve que la résurrection des corps existe ? Que la résurrection des cadavres est bien ce qui est induit par la lecture des écritures ? (et qui va régir l’enseignement du catéchisme jusqu’à la fin du XXe siècle)
Enfin vos sources, vos citations, et vos références sont tout juste dignes d’un lycéen et encore pas au sens grec du terme. Tout de même, écrire un traité sur la résurrection des corps et ne pas citer une seule fois le nom de Jésus, ou un passage des évangiles, vous appelez ça un travail sérieux ?
Tout juste, citez-vous Saint Paul ce qui est bienvenu mais encore une fois très nettement insuffisant. D’autant que vous n’en tirez pas les conséquences, car St Paul parle d’un corps de gloire et non pas d’un cadavre qui se remet sur ses jambes. Si vous aviez lu à fond St Paul, ce dont l’on peut douter, vous auriez remarqué qu’il parle de corps de gloire, de corps spirituel, et non de corps de résurrection corruptible et donc de chair. D’ailleurs comment la chair corruptible pourrait devenir immortelle ? C’est une contradiction logique.
Nous lisons ce passage révélateur dans la première lettre aux Corinthiens de St Paul :
«« Comment les morts ressuscitent-ils ? avec quelle sorte de corps reviennent-ils ? » – Réfléchis donc ! Ce que tu sèmes ne peut reprendre vie sans mourir d’abord ; et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps de la plante qui va pousser, mais c’est une simple graine : du blé, par exemple, ou autre chose. Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Ce qui est semé périssable ressuscite impérissable ; ce qui est semé sans honneur ressuscite dans la gloire ; ce qui est semé faible ressuscite dans la puissance ; ce qui est semé corps physique ressuscite corps spirituel ; car s’il existe un corps physique, il existe aussi un corps spirituel. »
Mais on peut se demander si vraiment vous avez une Bible ou quelque chose d’approchant ou en mémoire seulement quelques passages grappillés au cours de conversations ? Pas la peine de répondre élève Athénagore ! Ne rendez pas votre situation encore plus difficile quelle que soit la réponse !
En réalité, plus que de théologie chrétienne, il s’agit d’un exposé d’un mauvais philosophe grec. Et fait intéressant, dans son ouvrage « la République » disponible dans toutes les bibliothèques de France et de Navarre, nous observons que Platon croit certes dans l’immortalité de l’âme mais aussi dans la réincarnation ce que montre le mythe de Er, le guerrier Pamphylien. Nous avons attendons pour une séance de rattrapage du bac de philo option apologie chrétienne en août. Vous avez du boulot ! Et nous espérons que vous pouvez mieux faire ! Lisez donc le cake ! Euh le catéchisme de l’église catholique (Cék pour les intimes) édition 1998, ça pourrait sans aucun doute vous être utile !
PS : À noter qu’Athénagore ayant vécu au IIᵉ et qu’il est volontiers cité par les Pères de l’Église, sa pensée est représentative de ce qui était pensé au sujet de la résurrection. En outre, le dogme de l’Eglise catholique, au sujet de la résurrection des corps, a été bouleversée pendant le XXe, ce que nous verrons dans un prochain billet.
Jean-Baptiste Messier 