« Rose-Croix, histoire et mystère » de Christian Rebisse, chronique

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Présentation :
Cet ouvrage offre une étude très complète du rosicrucianisme, tant sous l’angle traditionnel qu’historique et tente d’apporter une réponse à ces deux questions : qui sont les Rose-Croix ? D’où viennent-ils ? Pour certains, l’ordre de la Rose-Croix, né à l’époque des pharaons, aurait ensuite recueilli l’héritage des pythagoriciens, des mystères d’Eleusis, des mages de Perse, des Esséniens, des templiers… Pour d’autres, il ne serait qu’une légende. Pour d’autres encore, il s’agirait d’une fraternité appartenant aux mondes invisibles. Cette étude très complète nous conduit, depuis l’Égypte et la Tradition primordiale, dans les pas d’Hermès Trismégiste et de Christian Rosenkreutz jusqu’à l’époque contemporaine où la Rose-Croix contribue à l’élévation de l’humanité et propose à ses contemporains de regarder au-delà du monde des apparences, pour tenter de découvrir la présence du Divin. Ce livre inclut une bibliographie thématique, un tableau chronologique reprenant les dates importantes de l’histoire du rosicrucianisme et de l’ésotérisme et un index des noms de personnes.

Mon avis : Un ouvrage très intéressant, documenté et fouillé

Idéal donc pour qui s’intéresse au mouvement de la Rose-Croix, en particulier à son histoire. Histoire qui bien sûr nous introduit aussi aux idées de la Rose-Croix.
Le livre est donc écrit par un certain Christian Rebisse aux initiales C.R. comme Christian Rosenkreutz, le héros mythique du roman ésotérique et initiatique  « Les noces chymiques de Christian Rosenkreutz » En fait Christian Rose-Croix pour dire les choses clairement. Ce livre aurait été écrit par John Valentin Andrae. Mais en fait Harvey Spencer Lewis, le fondateur, début XXième, de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix,  attribue son écriture au cercle de Thubingen, auquel John Valentin Andrae appartenait. « Les noces chymiques de Christian Rosecroix » appartient à une trilogie de textes, la fama fraternitais et la confessio fraternitatis, textes et manifestes révélateurs du mouvement de  publiés au XVIIième siècle et qui appelaient à une réforme générale du monde, tant celui-ci allait mal et semblait envahi par l’obscurantisme, et les guerres de religion. Ces textes connurent un immense écho auprès des élites européennes.

Dans l’ouvrage présent, on peut donc supposer sans trop de risques de se tromper que ce livre « Rose-Croix, histoire et mystères » est écrit par un collège de rosicruciens très avancés appartenant à l’AMORC (Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix) et ayant accès à des archives importantes. On peut noter aussi que de façon significative, le nom de l’auteur « Rebisse » renvoie au terme d’alchimie « Rebis », autre nom de la pierre philosophale. Cette observation nous permet de comprendre que le processus initiatique et symbolique rosicrucien possède des analogies avec le processus alchimique. Processus qui est d’ailleurs détaillé dans les noces chymiques.

Le livre retrace l’historique depuis la tradition primordiale qui serait liée en particulier à des écoles de Mystère Égyptiennes. Il développe aussi de manière très très précise la floraison de mouvement rosicruciens ce qui ne laisse pas d’inquiéter. En effet, ça me donnait l’impression que n’importe qui pouvait créer un mouvement ayant soi-disant des origines très anciennes. C’est à mettre en lien aussi avec l’Egyptosophie très à la mode fin XIXième siècle début XXième et ce qui éclaire d’un jour particulier l’enseignement de l’AMORC, la principale obédience rosicrucienne actuelle et qui, justement, se réclame d’une filiation avec les écoles de mystère égyptiennes. Il ne s’agit pourtant pas de remettre en cause la valeur de ces enseignements très riches.
Mais si un non-initié lit ce livre, il pourrait se demander à bon droit s’il existe des preuves de cette filiation avec le mysticisme Égyptien ou est-ce une pure fable ?
Après avoir été mandaté par des rosicruciens français, Harvey Spencer Lewis a fondé en 1909  l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC). Disons que naturellement on se demande si Harvey Spencer Lewis a le profil et le passé d’un imposteur. Ce n’est clairement pas le cas. Et on peut regarder aussi si les enseignements de l’AMORC sont en harmonie, en cohérence avec la pensée d’Hermès Trismegiste (c’est à dire le corpus hermeticum en particulier) ce qui est clairement le cas. On est obligés de penser qu’Harvey S Lewis n’a pu inventer tout seul cet enseignement ce qui renforce l’impression même pour le sceptique qu’il était bien accompagné et par des personnes qui avaient une connaissance ésotérique précise, précieuse et ancienne.
C’est une question redoutable à laquelle le livre n’apporte pas de réponse. Il est par ex très facile de retracer la filiation des Maîtres Zen depuis le fondateur. Ici la chaine de transmission avant Harvey Spencer Lewis (le fondateur de l’AMORC) est pour le moins floue, qui peut plus est si on veut remonter jusque l’Égypte Ancienne ! Mieux vaut alors s’intéresser à Harvey Spencer Lewis et apprécier sa valeur en dehors de toute filiation supposée, et surtout aux enseignements délivrés dont il n’est pas le créateur en tant que tel mais le dépositaire. A noter que Harvey Spencer Lewis n’a jamais été de près ou de loin un gourou ni considéré comme tel. Il est dépositaire et transmet des enseignements qui lui ont été transmis.
Pourtant le fait que le livre expose en toute clarté ces mouvements et leur inauthenticité vraisemblable est en soi une qualité, une manière de dire que le rosicrucien doit aimer les enseignements pour ce qu’ils sont et non pour leur origine « traditionnelle » (et en fait pas historique ce qui est quand même très tendancieux comme concept, car alors où se trouve la vérité ? N’est-ce pas un tour de passe-passe habile dont le chercheur sincère se passerait bien ?)
Quoi qu’il en soit, pour éprouver la valeur de la spiritualité rosicrucienne, je conseillerais plutôt au profane « l’ontologie des Rose-Croix » de Serge Toussaint ou « L’ideal éthique des Rose-Croix » du même auteur et grand Maître de la loge francophone ou encore « L’ Ordre de la Rose – Croix A. M. O. R. C. en Questions » .

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Au fin fond de la décadence – chronique de « A rebours » de Huysmans

« A rebours » de l’écrivain Huysmans est l’histoire d’un mec euh d’un aristocrate, Des Esseintes, dernier rejeton décadent d’une famille de ducs. Misanthrope, élitiste, amoureux contrarié de la beauté du monde ; tous les plaisirs plus ou moins frivoles que peut lui offrir le « mondain » (notamment les femmes mais ce n’est qu’un exemple) lui semblent à un moment de sa vie totalement vains et sans saveur. Tout est vanité, n’est-ce pas.
Il forme alors le projet de se retirer de la société, il va vendre château et dépendances pour s’aménager non pas une cellule de moine mais un logement cossu qui correspondra en tous points à ses goûts très perfectionnistes, aristocratiques, d’homme de goût. Là où le moine visera le dépouillement le plus absolu, au contraire le narrateur s’attachera à cerner au mieux et avec des recherches des plus raffinées quels meubles, quelles tapisseries vont décorer son intérieur. Quel arrangement intérieur sera le plus à même de satisfaire l’envie de beau de son for intérieur ?
Tout devra être dans une totale harmonie des couleurs, même les plus subtiles, sachant que le narrateur vit la nuit et dort le jour pour ainsi dire et donc que la lumière qui anime les couleurs est rarement celle directe du jour. La moindre faute de goût est pour lui source de souffrances réelles, de ruminations interminables, ressassant d’autant plus qu’il n’a personne à qui parler puisqu’il s’est éloigné de toute compagnie (forcément indigne de sa personne) et que ses domestiques sont pour ainsi dire tenus au silence et doivent être le plus discret possible jusqu’à l’invisibilité.
Pourtant, malgré cette misanthropie et cette asociabilité maladives, le narrateur m’est resté sympathique. Mais est-ce vraiment contradictoire ou surprenant ?

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Dans un premier temps, je pouvais croire que le programme du narrateur rejoignait les pensées de Schopenhauer quand ce dernier dit par ex :

«  »Un homme plein d’esprit, jusque dans la solitude la plus profonde, trouvera dans ses propres pensées et ses fantaisies une distraction parfaite, tandis que le changement continuel apporté par la société, le spectacle, les promenades, les fêtes sera incapable de repousser l’ennui qui torture les imbéciles.  »

Ou encore quand Schopenhauer développe son concept de contemplation esthétique, « contemplation paisible, détachée de toute réflexion comme de tout désir, de l’ensemble des objets du monde ».

Or, s’il y a bien des points de rencontre évidents avec Schopenhauer, force est de constater que notre narrateur n’est pas du tout détaché, bien au contraire, il est hypersensible, et la rusticité, le manque de beauté, de délicatesse du monde, et pire encore sa vulgarité, le blessent terriblement.

Notre narrateur aimerait atteindre un bonheur sans nuages en s’entourant d’objets tous plus recherchés les uns que les autres (de livre, d’alcools recherchés, de parfums, de tableaux, etc. ) qui satisferaient enfin son désir de Beauté et peut-être pour toujours. C’est un peut-être un programme à la Platon sous-jacent…
Mais las ! Tout casse, tout lasse. Tout finit par le lasser, et après l’enthousiasme, le plaisir, la satisfaction, viendra inéluctablement l’ennui, et sa quête ou sa poursuite folle et illusoire reprendra… Mais peut-elle durer éternellement ? Peut-elle se renouveler perpétuellement dans un va et vient constant de contentements éphémères ? Là où le moine essaie d’arrimer son esprit à un unique objet qui plus est abstrait et éternel, notre narrateur déplace son désir sur des objets tous périssables d’une manière ou d’une autre ou dont le rendement de contentement est forcément décroissant pour paraphraser Stuart Mill.

En quelque sorte, le narrateur après s’être détaché des plaisirs du monde et notamment des femmes, cherche le nectar des sens (vision avec les peintures, odorat avec les parfums, les fleurs d’essences rares, plaisirs du palais avec les alcools, le toucher est peu évoqué quoique si avec le vent sur la peau ou la pluie, la chaleur du soleil) et le nectar de l’intellect (avec les livres notamment et ses appréciations esthétiques), on peut avancer qu’il est dans une quête totale et sans retour du Beau au sens où pourrait l’entendre Platon.
Dans cette perspective, le cheminement du narrateur ou antihéros serait de partir de la forme de beauté la plus sensible comme le corps d’une femme pour conquérir au tout dernier barreau de l’échelle le Beau purement abstrait et éternel par une distillation, un raffinement progressif des attraits physiques, sensitifs, intellectuels, moraux et enfin spirituels. C’est l’échelle de l’amour du Beau vantée par Diotime à Socrate (cf le banquet de Platon) qui amène à la contemplation du Beau en soi et de manière ineffable. Du moins je le ressens comme ça.
Cette quête est si entière qu’elle met en danger forcément la santé mentale du narrateur. Car que se passe-t-il si le narrateur n’arrive pas à trouver son bonheur dans sa démarche ? Il se saborde, il ne reste plus rien à se raccrocher après avoir renié plaisirs d’amitié et d’amour, avoir dénié toute valeur aux échanges avec la société quels qu’ils soient, avoir épuisé tous les plaisirs intellectuels ou artistiques, s’être lassé de toutes les recherches spirituelles. Au fond, pourquoi continuer de vivre si la vie n’offre plus aucune satisfaction ?

En fait, on pourrait dire que notre narrateur est dans une approche tantrique de la vie (enfin il fait du tantrisme comme le bourgeois gentilhomme sans le savoir), en ne cherchant pas à s’évader du monde mais au contraire en essayant de le ressentir avec la plus grande précision et intensité. A jouir de la vie dans le moindre de ses aspects. C’est une approche tout sauf indifférente (pas exactement à l’opposé du bouddhisme ceci dit), et c’est bien ce qui pourrait malgré tout le sauver. Au fin fond de la décadence, l’espérance en définitive. Celle qui nous fait vivre, ou qui, déçue, nous coulera par le fond.

Sur le plan de la démarche littéraire, Huysmans avec ce livre veut se déclarer en pleine rupture ontologique on pourrait dire avec le naturalisme prôné par Zola, Balzac, etc., et même le romantisme. Huysmans réduit le chant euh le champ de sa narration à un unique protagoniste dont la subjectivité très particulière en quête d’illumination quelque part sera la seule matière du livre. Une sorte de solus ipse.
J’ai eu un premier choc littéraire en lisant du côté de chez Swann de Proust (publié en 1906), il y a quelques années. Je pensais qu’il était unique. Et en fait en lisant Huysmans, je me dis que Proust avait en fait un semblant de précédent avec Huysmans qui a publié « A rebours » en 1884. Comme quoi en tant qu’autodidacte, il faut se garder des jugements mais toujours garder à l’esprit que notre culture n’est pas totale et qu’il peut manquer des pans entiers de connaissance pour avoir des opinions artistiques réellement valables ou du moins correctement construites. Pourtant le ressenti, la fraîcheur demeurent intéressants et uniques ce que possèdera sans doute moins le diplômé en lettre qui sera influencé dans sa manière de lire par la pensée des professeurs, les notions qu’il ingurgite etc. 

On comprend mieux aussi les liens entre Schopenhauer, Huysmans et Houellebecq. Huysmans de temps en temps fait référence dans son œuvre à Schopenhauer.

Ce roman est aussi l’occasion de découvrir le mouvement « décadent » en littérature dont « A rebours » est l’un des joyaux les plus iconoclastes. Au sujet de ce mouvement, voici ce qu’on peut lire dans wikipedia :

« Toutefois, c’est avec la publication des Essais de psychologie contemporaine de Paul Bourget en 1883 que le mouvement décadent commence à se définir. Face au sentiment de déliquescence qui l’habite, une génération d’artistes se reconnaît dans son analyse de la névrose des maîtres contemporains2.

Marqué dès 1884 par la parution du Crépuscule des dieux d’Élémir Bourges et d‘À rebours de Joris-Karl Huysmans, le mouvement se définit par sa « désespérance teintée d’humour et volontiers provocatrice »2. »

Revenons à notre roman, Des Esseintes est allé au bout de sa démarche de vivre pour soi-même, de sa quête (de sa névrose ? Terme de plus en plus fourre-tout, qui parfois en vient à ne plus signifier grand-chose dans la bouche de beaucoup de personnes) en s’entourant de « beaux » mais sans trouver le « Beau » ; seul, physiquement et nerveusement à bout de forces (pour le physique, il faut bien avouer que Des Esseintes néglige totalement cet aspect-là de « la chose » (comme dirait un Martiniste) sans doute considéré comme trop indigne, et bien à tort, de lui), il déménage, suivant les conseils de son docteur, une nouvelle (et dernière fois, on peut l’imaginer) pour revenir au centre de Paris et s’immerger dans le bruit de la capitale censé le ramener à la vie.
Mais ceci est une autre histoire.

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« A la recherche d’un monde perdu, l’Atlantide et ses traditions », livre décevant mais intéressant

Tout d’abord, la quête de l’Atlantide s’assimile à une quête des origines. Les origines de notre humanité (en tant que pensée et conscience), nous avons des noms, Egypte, Grèce, Mésopotamie, etc., l’Atlantide étant dans cette optique, l’ultime origine. Ce que dans les milieux ésotériques, nous dénommons « Tradition primordiale ». Pourtant, bien évidemment, quand bien même nous prouverions l’existence de cette civilisation à qui l’on prête toutes les qualités scientifiques, techniques, morales, mystiques, spirituelles (comme le laisse entendre le récit (et non le mythe) de Platon)), on pourrait toujours se demander : D’accord mais alors avant l’Atlantide ? D’où viennent leurs connaissances ? D’extraterrestres comme dans le film Prometheus de Riddley Scott ou comme l’allègue Raël (sourire) ? Bref, on ne s’en sort pas. Je pense qu’en fait une quête des origines s’apparente plus à une quête de l’originel dans ce qui fait notre humanité, c’est-à-dire avant tout la conscience de soi et du monde et de notre rapport à Ce qui nous dépasse. Mais cette quête se situe dans notre intérieur, hors du temps et de l’espace, m’est avis. (aparté entièrement personnel).

Revenons à note bouquin. J’avais un a priori très favorable voire enthousiaste car j’aime beaucoup la personnalité de l’auteur, Paul Le Cour, fondateur de la revue Atlantis au début du XXᵉ siècle. Cette revue a très certainement beaucoup contribué dans une forme de salon intellectuel de connaissances ou de recherches plus ou moins ésotériques à l’époque (avec Papus, Canseliet, Jacques d’Arès, Julien Champagne…). D’ailleurs le symbole de cette revue est Poséidon avec son trident, ce Dieu étant totalement associé à l’Atlantide. J’ai donc acquis cette édition de 1931 (une rareté), pensant découvrir un livre « révélation » (et non révélations au sens scoop, quoique)
Pourtant, malgré cet a priori très favorable, je fus rapidement déçu, beaucoup d’assertions reposent sur pas mal de spéculations que l’auteur semble vouloir trop facilement transformer en preuves.

Or, dans ce domaine, il faut être très prudent.

Par ex, Paul Le Cour fait une véritable confusion à un moment entre le zoroastrime ou mazdéisme qui date d’au moins 1500 ans avant notre ère et le manichéisme qui date du 2ième siècle après J.-C. (et qui se présente comme un syncrétisme très inspirant du zoroastrime, du christianisme et même du bouddhisme). Toutefois, la relation qu’il tire entre les aspects dualistes (existence d’un bien et d’un mal dans le mal) et le symbole du caducée de Mercure ou Hermès (avec les deux serpents qui se font face autour du bâton dressé) est intéressante.On apprend à cette occasion que dans la tradition hérmétique St Jean est assimilé à Lucifer (lux fero, porteur de lumière (mon ajout))

J’ai donc tout de même essayé de tirer des choses intéressantes de cette lecture.

Tout d’abord ce passage p. 127 :

« Les sages de cette époque lointaine savaient que la retenue sensuelle développait la puissance spirituelle et pouvait faire atteindre à une vie nouvelle toute illuminative, la Vita nuova de Dante, la naissance à cette vie nouvelle est représentée depuis de longs siècles à travers le monde, en Europe, comme en Asie et en Amérique par l’image de la Vierge-mère tenant sur ses genoux l’enfant qu’elle a mis au monde sous l’action de l’Esprit. »

« La pierre de touche des œuvres humaines, c’est le désintéressement, or le désintéressement est un sacrifice volontaire. »

J’aime beaucoup cette notion de sacrifice qu’on peut méditer à plusieurs niveaux. Par ex faire le sacrifice d’attachements pour avancer dans une voie plus pure (ma pensée).

« D’autre part, la chasteté , est aussi un sacrifice volontaire, un renoncement à des désirs parfois puissants. »

« En résumé, selon la doctrine primordiale, les deux essentielles vertus à acquérir pour parvenir à la connaissance, à la révélation, sont pureté et l’esprit de sacrifice. »

Cette insistance sur le désintéressement peut se rapprocher sans difficultés du « mushotoku » (sans but ni esprit de profit en japonais) prôné par le bouddhisme Zen. Rien que pour ces 3 passages, ça valait le coup de lire ce livre (ma pensée).

Par contre, je n’ai pas bien vu avec le lien avec cette doctrine primordiale dont à dire vrai, je n’ai pas vu de contours précis dans cet ouvrage sauf à considérer que toutes les traditions spirituelles ont une même origine qui se trouve dans une même « tradition primordiale ». Mais alors l’Atlantide serait plus une sorte d’image symbolique d’un monde originel qui n’a pas vraiment besoin de dimension réellement historique et factuelle, puisque selon Jung, il existe une fonction religieuse dans la pysché humaine qui sourd en chaque être humain et que chacun peut retrouver (ma pensée).

On pourra peut-être avoir une meilleure connaissance de l’Atlantide et de la « Tradition Primordiale » en s’affiliant à des ordres initiatiques comme la Franc-Maçonnerie ou l’ordre de la Rose-Croix, c’est fort probable.

D’une manière synthétique, l’auteur parcourt donc les origines du langages, les traces qu’on pourrait trouver de la langue atlante, dans le grec, le celte, etc. Il en cherche aussi dans le domaine géographique (insistance sur le Yucatan) et l’étude de certains symboles dans les différentes traditions. Il dresse aussi un résumé très incomplet de divers écrits qui ont trait à l’Atlantide (avec évidemment celui de Platon). Il étudie aussi le lien entre la pensée de l’Atlantide et l’hermétisme.

En fait, ce livre donne des pistes à explorer plus que des faits acquis.

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« Le troisième œil », livre très intrigant et captivant

Livre intrigant et captivant…Commençons par le côté intrigant. Le narrateur du livre est censé être l’écrivain T Lobsang Rampa qui se présente comme étant d’origine européenne et avoir été initié très jeune dans une lamaserie. On nous dit de plus que l’auteur est le fils d’un aristocrate tibétain, membre du gouvernement tibétain.

Tout ça sent l’entourloupe.^^

Or quand je lis le récit, je découvre l’enfance d’un garçon né au Tibet et fils de parents tous les deux parfaitement tibétains, sans aucune origine européenne. Il suffit de regarder la photo pour s’apercevoir que ce monsieur qui se présente comme l’écrivain n’est pas d’origine tibétaine. ¨¨ Alors que pourtant le narrateur de ce livre se présente comme un lama qui a grandi dans une famille tibétaine depuis sa plus tendre enfance (et donc qu’il ne s’agit pas d’un enfant adopté).

Donc on pourrait se dire : Calembredaines, ce livre est une affabulation !

Or, force de constater qu’il n’en est rien.

Le roman (ou l’autobiographie ? Ou la biographie ou l’autofiction ?) regorge de détails du quotidien extrêmement précis, concrets ou de précisions culturelles que seul un occidental érudit ou expert pourrait connaître, et encore. Il ne s’agit en aucun cas d’un récit fantasmatique sur le Tibet légendaire. Donc comment l’expliquer ? Ou alors ce serait un lama qui a fourni à cet occidental T Lobsang Rampa (sur lequel je donnerai des informations plus tard) son histoire pour la diffuser à l’occident ?

Ce livre est donc intrigant mais aussi captivant. On suit l’itinéraire d’un enfant qui suit une éducation très dure, va devenir lama et est reconnu réincarnation d’un grand lama. De ce fait, il va suivre une instruction accélérée, notamment grâce à l’hypnotisme (hé oui), avec en perspective et en ligne de tension l’invasion du Tibet par la Chine dans quelques années prévue par les astrologues tibétains.

Le titre du livre « Le troisième oeil » raconte au cours d’une scène étonnante comment le troisième œil du héros va être ouvert au sens propre. Troisième œil qui lui servira à décrypter les auras de ses interlocuteurs au-delà des apparences, des mimiques et des masques. Cependant, ce titre n’est pas représentatif du tout de l’intérêt général de ce livre, c’est sans doute pour attirer le chaland.

Voyage astral, télépathie sont de la partie dans le développement des facultés psychiques du héros. Bien sûr on a le droit (et même le devoir) d’être sceptique, mais c’est justement le côté réaliste par ailleurs qui achève de nous troubler. Il s’agit d’un récit initiatique.

L’une des thématiques que j’ai aimée, c’est l’instruction du héros encore jeune par un lama adulte qui lui sert de guide en instruction, de guide spirituel. Ce qui me frappe, ce n’est pas le contenu de l’instruction en tant que tel maisl’idée que le guide est assez dur, est exigeant avec le héros mais utilise cette dureté pour développer les compétences de son apprenti. Je pense que tout père peut s’inspirer de ça pour réfléchir à une instruction, une éducation pour son fils qui ne soit pas laxiste mais au contraire le fasse grandir de la meilleure des manières. Bien sûr, cette instruction-éducation peut concerner la culture mais aussi le sport, les arts etc. Le père doit avoir le projet de faire grandir son enfant de manière déterminée tout en assurant son bonheur bien sûr.

Des scènes m’ont fort surpris aussi. À un moment le narrateur raconte des sortes de vols en deltaplanes-cerfs-volants auxquels les moines sont accrochés et reliés par une corde à un moine resté au sol. Il parle sans une once de compassion ou de tristesse pour eux d’accidents de moines qui s’écrasent au fond de précipices ! Fort de cette interrogation, je me suis dit que le narrateur et l’auteur devaient avoir une approche de la mort bien différente de la nôtre. Effectivement pas mal de pages plus loin, après quelques morts horribles et sanglantes racontées dans des circonstances diverses, le narrateur explique que pour les Tibétains, la mort n’est pas un drame puisqu’ils croient en la réincarnation et donc que la mort ne consiste qu’à abandonner un habit de chair pour en revêtir un autre. Vu sous cet angle… Toutefois cette indifférence certaine, naturelle par rapport à la mort qui crée tant d’angoisses chez les occidentaux me pousse à penser que décidément le véritable auteur n’est pas occidental (et donc pas T Lobsang Rampa, c’est bien mystérieux tout ça).

Le narrateur raconte aussi l’existence de salles secrètes au Potala et même un lac souterrain. Il parle aussi de l’existence mystérieuse des yétis dans un recoin secret du Tibet et évoque Shamballa. D’une manière générale, j’ai bien aimé comment l’auteur dresse une opposition entre la civilisation tibétaine dont le but serait de favoriser l’éveil de l’être intérieur alors que l’occident s’occupe essentiellement de l’extérieur.

Donc, après avoir achevé ce livre, je me suis intéressé de plus près à l’identité de cet auteur : T Lobsang Rampa. Le moins qu’on puisse dire est que s’il a une certaine notoriété, son identité et son authenticité est controversée.:)

Voici ce que j’ai lu concernant l’auteur sur wikipédia, la source du savoir de l’ère du verseau :

« Tuesday Lobsang Rampa, pseudonyme de Cyril Henry Hoskin (Plympton, Angleterre, 8 avril 1910Calgary, 25 janvier 1981) est un écrivain britannique qui prétendait être né au Tibet et être devenu le lama médecin à la lamaserie de Chakpori avant de parcourir le monde, puis d’abandonner volontairement son corps de naissance et avoir recours au procédé de transmigration4 pour continuer sa vie dans celui d’un Anglais. Il avait pris le nom de Carl Kuon Suo jusqu’en 1962. Ses ouvrages, en particulier le premier, Le Troisième Œil, ont obtenu un important succès populaire et l’auteur est généralement perçu comme l’initiateur d’une « nouvelle littérature spirituelle », sinon du New Age dans son ensemble5.

Des enquêtes conduites en 1958 ont montré que Hoskin, fils de plombier, était un installateur d’équipements chirurgicaux (surgical fitter) au chômage et qu’il n’était jamais allé au Tibet ni ne parlait le tibétain. La compréhension sceptique de son récit est qu’il s’agit d’un canular littéraire ou d’une imposture. »

Là où comme je disais plus haut, c’est que s’il est un imposteur, comment peut-il connaître tous ces détails sur le Tibet ? Pour moi le mystère demeure.

Voici comment nous pourrions expliquer la chose ^^ (toujours source Wikipedia) :

« Rampa fut retrouvé par la presse britannique à Howth en Irlande et confronté à ces allégations. Il ne démentit pas la naissance sous le nom de Cyril Hoskin du corps qu’il utilisait, mais prétendit que ce corps était désormais occupé par l’esprit de Lobsang Rampa22.

Selon le récit donné dans son troisième livre, Histoire de Rampa, le premier corps de Lobsang Rampa ayant été endommagé par les tortures subies lors de la Seconde Guerre mondiale et des accidents ultérieurs, n’était plus en état de rester longtemps en vie. De son côté, à la même époque, le Britannique Cyril Henry Hoskin n’avait plus goût à la vie. Un jour, alors qu’il essayait de photographier un hibou, il tomba d’un vieux pin dans son jardin à Thames Ditton, dans le Surrey, et se retrouva hors de son corps. Il vit alors un moine en robe safran marcher vers lui. Le moine lui parla de la possibilité que Rampa lui succède dans son corps. Quelque temps après, des lamas tibétains, grâce à une technique appelée transmigration, libérèrent Hoskin de son propre corps pour que Lobsang Rampa l’y remplace.

Cette histoire de changement de corps que beaucoup d’observateurs jugent abracadabrante est une des raisons pour lesquelles beaucoup ont considéré l’œuvre de Rampa comme l’un des plus gros canulars littéraires du XXe siècle. Hoskin/Rampa n’a cependant jamais modifié ses dires, et a toujours clamé que le contenu de ses livres était authentique23. »

On note plus loin (toujours source wikipedia)  :

« Le tibétologue américain Donald Sewell Lopez, Jr. rapporte, dans son livre Fascination tibétaine (Prisoners of Shangri-La, 1998), sa découverte, à l’occasion de discussions sur Lobsang Rampa avec d’autres spécialistes européens du Tibet et du bouddhisme, que Le Troisième Œil était le tout premier livre que nombre d’entre eux avaient lu sur le Tibet. Pour certains d’entre eux, c’est la fascination exercée par le monde décrit par Rampa qui les avait poussés à devenir des universitaires spécialistes du Tibet24.

Le même auteur indique que lorsqu’il avait donné à lire, à ses étudiants de l’université du Michigan, Le Troisième Œil, sans leur dévoiler son histoire, il avait constaté que ses « étudiants furent unanimes dans leurs louanges, et ce malgré six semaines de cours et de lectures sur l’histoire et la religion du Tibet. […] Ils le trouvèrent tout à fait crédible et passionnant, le jugeant plus réaliste que tout ce qu’ils avaient lu précédemment sur le pays »25. »

Donc je trouve tout ça fascinant et bien mystérieux, une jolie découverte ! Un livre qui pourrait figurer sans problèmes dans les archives non classées de X-files. ^^

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Le zoroastrisme ou la victoire de la lumière sur les ténèbres

Cet article sera basé un livre de Marius Fontane, « Les Iraniens » avec le sous-titre Zoroastre. Toutefois, comme le titre « Les Iraniens » n’est pas très vendeur, alors que le sujet tourne essentiellement autour de Zoroastre, j’ai préféré ne pas le mentionner tout de suite. Bref, voilà, voilà.;)

Les Iraniens. Donc.

J’éprouve une tendresse particulière pour ce livre.

Peut-être parce que je possède une publication originale de 1881 mais aussi à cause du style de l’auteur à la fois très érudit et agréable à lire. On sent la patte de l’écrivain, de la personnalité et c’est pourquoi il se distingue de livres historiques au style la plupart du temps assez peu intéressant, neutre. Il rend l’exposé vivant et personnel. Donc rappelons l’écrivain : Marius Fontane. Gloire à lui.

J’ai aussi une tendresse particulière pour ce livre car sur le fond je pense que Zoroastre (astre d’or) se place en tant que repère visible et individuel (en gros comme un avatar) comme le premier à poser aussi clairement la question du mal existant dans le monde et du paradoxe du coup à postuler un dieu bon, créateur de notre monde. Son message au contraire parle de l’existence d’un dieu mauvais, Ahriman. Le mal est ainsi presqu’à égalité avec le bien et en tous cas n’est pas vu du tout comme seulement l’absence de bien. Le mal existe de manière substantielle. Zoroastre pose frontalement la question du mal et c’est ce que j’aime. Zoroastre est un personnage historique qui a existé réellement pour mettre les points sur les i.

L’auteur nous montre en quoi le message initial de Zoroastre va être dévoyé ou même être victime de malfaçons d’auteurs qui vont dénaturer les textes qui lui sont attribués pour favoriser leurs desseins ou leurs pensées propres. Et je trouve cet aspect-là très intéressant et significatif.

Car on peut songer à la Bible et c’est là ma pensée, on parle de paroles du seigneur… mais si on ne fait pas d’efforts pour aller plus loin, on oublie, on ignore, on dénie l’influence des scribes, de leur pensée, de leur culture, etc. sur la mise au point du texte de la Bible. Il y a un filtre humain dans l’écriture qu’il ne faut jamais oublier et qui du coup invite à la modestie dans une interprétation trop littérale de l’ancien testament (ce qui est particulièrement mal venu en ce qui le concerne), des Évangiles, à des constructions théologiques faramineuses (penser au dogme de la transsubstantiation par ex) qui ne tiennent qu’au fil de quelques phrases (dans ce dogme-ci : « ceci est mon corps et mon sang »).

Bref Zoroastre se tient à la source (on pense vers – 1000, 1500 ans voire 2000 avant JC) du courant dualiste qui va irriguer l ancien testament et même le nouveau testament (qu’on pense au prologue de St Jean) puis plus loin les “hérésies” chrétiennes dualistes qui, pour certaines, étaient de par leurs rites proches du christianisme le plus primitif. Il semble en effet que la pensée de Zoroastre ait influencé la religiosité des juifs. Bref tout ça n’est pas forcément dit dans ce livre mais un peu quand même.

Le prolongement le plus glorieux se trouvera dans la venue du prophète Mani et de la religion manichéenne (syncrétisme de zoroastrisme, de christianisme et d’une pincée de Bouddhisme). On remarque que même si Zoroastre parle de deux principes bon et mauvais qui luttent dans le monde, un principe éternel est la source originelle, incompréhensible, suprationnelle du monde.

Il s’agit donc au fond d’un monothéisme possiblement avant même la révélation d’Akhenaton (1350 av JC) et bien avant la rédaction du Dieu de l’ancien testament (rédaction évaluée entre le VIIIe siècle et le IIIe siècle avant JC). On remarque aussi que Zoroastre évolue bien avant tous les porteurs de lumière Bouddha, Pythagore, les écoles de mystères grecs, Jésus, etc. Zoroastre pourrait être presque considéré comme une source originelle du message religieux ou plutôt l’une des premières expressions d’un fleuve qui coule dans l’âme humaine et qui a besoin de rechercher la relation avec ce qui est plus grand que lui, le dépasse totalement et de le formuler par des tentatives forcément malhabiles étant donné les limites de notre entendement sans parler des imperfections du langage (ma pensée). Ce sont là des réflexions personnelles nullement développées dans ce livre mais inspirées par sa lecture.

D’autre part, pour continuer dans cette veine de l’altération du message initial, l’écrivain nous dit très bien que l institution religieuse qui s’est développée sur le message de Zoroastre n’a pas hésité bien évidemment à en détourner l’esprit sinon la lettre à son profit pour favoriser l’expansion de ce corps intermédiaire que sont les prêtres entre le fidèle et le dieu bon. On pense au catharisme qui justement passait outre ce corps intermédiaire.

Zoroastre est un réformateur, c’est-à-dire qu’il enseigne pour régler un bon fonctionnement de la société, c’est à dire des règles qui sont là pour élever l’humanité, la rassurer. Ce n’est pas un message uniquement spirituel (d’ailleurs celui du Christ non plus mais de manière moins évidente). « Zoroastre est un législateur et non un prêtre ».

L’Avesta, le recueil de la pensée zoroastrienne (aussi appelée mazdéenne) se compose de 6 textes dont l’écriture s’échelonne dans le temps. L’Avesta est donc très hétérogène. Le Vendidad est sans doute le plus proche du message spirituel originel puisque le plus ancien et c’est pourquoi il est aussi facile de deviner les altérations que subit le message originel dans les volumes qui le suivent et qui constituent le canon Zorastrien. Avesta veut dire livre dans le sens de recueil écrit donnant la loi. La direction est donc claire. Le texte vise à ordonner la société selon des repères spirituels et moraux précis pour que la société visée s’élève et sorte de sa fange.

Les parses-indiens (lien avec les farsis je pense) ont conservé l’Avesta.

Venons-en donc au message. Dans la doctrine zoroastrienne, il y a un dieu bon Ormuzd et un principe mauvais Ahriman.

« Ormuzd étant le dieu très fort, exclusivement voué au bien, Zoroastre explique le mal visible, très répandu, comme l’œuvre d’un démon principal, Ahriman, antagoniste d’Ormuzd, déployant contre son adversaire une puissance presque égale à la puissance du dieu souverainement bon. » Ormuzd ne peut faire que le bien. « Ahriman fut, pour ainsi dire, en même temps qu’Ormuzd (penser au tao te king), et comme sa conséquence inévitable. L’idée de l’unité divine, qui est évidemment la première sensation intellectuelle de Zoroastre, son but même, se trouve presque aussitôt compromise par l’antagonisme d’Ormuzd et Ahriman. C’est pourquoi le réformateur (Zoroastre) va se perdre dans la conception d’une entité supérieure, indécise, suffisamment vague pour être affirmée. »

« Il fallait admettre un être supérieur à ces deux personnalités divines, imaginer une puissance, une force dominante, pour que la théorie eût un sommet définitif, inaccessible » Ce en quoi je trouve cette conception plus satisfaisante que ne l’expose la théologie catholique (qui imagine un Père bienveillant).

Ormuzd et Ahriman en émanent. Cet être incommensurable est « le Temps sans borne », « la lumière primordiale », l’incréé donc. « Divinité incompréhensible, insaisissable, à laquelle il faut rendre un hommage perpétuel, sans toutefois lui prodiguer des adorations ; puissance si haute, si loin de l’humanité, que la vouloir chercher serait une ridicule entreprise, la vouloir comprendre une folie, la vouloir distraire, un outrage peut-être » . C’est Ormuzd qui parlera à Zoroastre. Ormuzd à la différence de l’Éternel n’est pas capable de créer quelque chose à partir de rien ».

Ormuzd est un dieu paternaliste, bienveillant, miséricordieux, qui en définitive, prépare l’homme à son jugement d’après la mort. Ormuzd et Ahriman ayant l’omniscience, organisèrent tout ce qui existe, donnèrent une forme à tout ce qui est ; le premier auteur de « tout ce qui est bon », le second, organisateur de « tout ce qui est mauvais ». L’humanité, c’est le peuple d’Ormuzd assujetti par Ahriman aux souffrances et à la mort, mais qui ressuscitera un jour par « le rétablissement des corps ».

« La métaphysique de Zoroastre annoncerait un dieu unique, incompréhensible, insaisissable, incorporel, ayant engendré, ayant envoyé aux hommes Ormuzd individualisé, connu, déterminé, formel, agissant, donnant la vie et l’entretenant. »

« La volonté de Zorastre est énoncée dans le texte par la bouche d’Ormuzd » (généralement on conçoit plutôt l’inverse) :

« Je vous parle clairement dit le dieu. Celui qui m’invoquera bien et avec pureté de cœur, ou celui qui, généreusement, ne désirera que l’avantage d’autrui, celui-là cet homme, soit qu’il vive maintenant, soit qu’il doive exister, soit qu’il ait été, son âme pure ira au séjour de l’immortalité. »

Ainsi primitivement, le fidèle peut s’adresser directement à Dieu et n’a pas besoin d’intercesseur et la caste des prêtres viendra corrompre ce message initial.

Autre citation du Zoroastrisme :

« Ormuzd, roi, je me repens de tous mes péchés, j’y renonce. Je renonce à toute mauvaise pensée, à toute mauvaise action ; à ce que, dans le monde, j’ai pensé ou dit, ou fait, ou cherché à faire, ou commencé de mal. Pour ces péchés de pensée, de parole, d’action, ô Dieu, ayez pitié de mon corps et de mon âme, dans ce monde et dans l’autre. »

« Le Zend (Avesta) nous apprend que l’Être a d’abord été donné à Ormuzd et à Ahriman, ensuite comme le monde a été donné depuis le commencement jusqu’à la fin, au rétablissement des corps ; qu’Ormuzd, très haut, était avec la Science souveraine, avec la pureté, dans la lumière du monde. Ce trône de lumière, ce lieu habité par Ormuzd, est ce qu’on appelle la Loi. »

D’après l’auteur, dans son expression première, « peut-être le Zend-Avesta ne donnerait-il pas une religion zoroastrienne dans le sens positif du mot. On n’y trouverait pas de sacerdoce, et en conséquence pas de culte, et pas de prêtres. »

« Zoroastre veut que l’on connaisse sa loi ; aussi ordonne-t-il que chaque mazdéen récite le Vendidad. »

« La prière enrichit le pauvre, accomplit l’égalité sociale, elle « élève le petit à la hauteur du grand, du puissant. » La prière est directe et n’a pas besoin de caste sacerdotale. « Nulle représentation religieuse, aucun dieu sculpté, ni dans la pierre, ni dans le bois. »

« La prière de l’aurore est annoncée par le chant du coq ; c’est la meilleure des prières ; « elle procure la victoire et donne la santé. » (Avesta dixit) »

« Le mazdéen qui travaille et qui prie doit être gai, se bien nourrir, croire au bonheur. »
« La nature entière est le grand temple des Iraniens ; les Perses n’en auront point d’autres ; l’image d’Ormuzd, symbolisée dans sa pureté immatérielle, c’est le feu. »

« Zoroastre voulait que la vie des Iraniens (des perses) fut partagée entre la prière et le travail ; il avait dit, positivement, que le travail suffisait. Lire la loi nouvelle, l’apprendre, c’était en même temps travailler et prier ; la lecture de la loi était le premier des devoirs du mazdéen.

D’après le Avesta, « si l’homme avoue le mal qu’il a fait, son repentir en sera l’expiation ; mais s’il n’avoue pas le mal qu’il a fait, il aura lieu de s’en repentir jusqu’à la résurrection. »

« Je me repens de tous mes péchés ; j’y renonce. Je renonce à toute mauvaise pensée, toute mauvaise parole, toute mauvaise action. Je fais cet aveu devant vous, ô purs. Ô Dieu, ayez pitié de mon corps et de mon âme, dans ce monde et dans l’autre. »

« Le mazdéen devait croire en Dieu, à la rémission des péchés, à la loi, au paradis, à l’enfer, à la résurrection des corps et à l’anéantissement du mal. »

D’après l’auteur, c’est après que la classe des prêtres a compliqué la relation à Ormuzd pour développer son pouvoir. »

« Si l’Iran n’était peuplé que d’iraniens désagréables au dieu bon, à Ormuzd, l’Iran deviendrait la proie d’Ahriman. »

« Ormuzd est l’ennemi des voleurs et des violents ».(Avesta dixit)

Les iraniens demeuraient libres de choisir leur dieu leur convenant.

Ahriman est « un serpent infernal ». Bien évidemment, on voit là une connexion avec le péché originel de l’ancien testament.

Le plaisir est important. « Une vie longue, bien remplie, toute agréable, toute gaie, est la première des récompenses. »

« Je vous demande, ô Ormuzd, les plaisirs, la pureté et la sainteté ; accordez-moi une vie longue et bien remplie. » (Avesta dixit)

« Favorisez celui qui dit la vérité, contre celui qui prononce le mensonge ; le pur contre l’impur. Et versez la lumière. » (Avesta dixit)

Le jeûne est rigoureusement interdit.

Le Vendidad met en garde avec véhémence contre « la surdité et l’aveuglement de l’esprit. » (on peut penser à Jésus et l’endurcissement du coeur)

« Oui, il est certain, a dit Ormuzd à Zoroastre, que celui dont les dispositions sont pures, dont les désirs sont purs, passera le pont. Ainsi que l’eau, par sa propre force, emporte au loin le cadavre qui est dans son sein, de même cet homme, par la force de l’élan vers la pureté, éloignera les noirceurs cachées de son âme. »

Après la mort, l’âme rencontre un juge infaillible « n’écoutant que le témoignage de la propre vie du mazdéen », pesant ses actions bonnes et mauvaises, l’acquittant ou la condamnation avec justice.

En effet, Zoroastre a défini patiemment les fautes capitales, les crimes et délits ce qui permet au Perse de savoir précisément ce qu’il est bon de faire.

« C’est par la prière, par la prononciation correcte de la parole sacrée qu’Ormzud sera victorieux. »

« Quel avantage ne retirez-vous pas de ce que, dans le monde, je vous donnerai un corps ? Soyez et combattez les daroudjs (démons) ; faites disparaître les mauvais esprits ; et à la fin, je vous rétablirai dans votre premier état. » (Avesta dixit)

« L’humanité, – kaïomorts -, était issue du taureau mystique, existant seul d’abord, et qui mourut lorsque l’homme venant de lui fut fait. Arbre mystique (aux allures de palmier) issu de la semence du taureau mystique. Le premier homme s’appelle Meisha et la première femme Meishane.

« Lorsque chacun de ces deux êtres eut été transformé,du corps d’arbre en corps d’homme, la main donnée du ciel y fut placée, et l’âme s’y mêla sur le champs. » (Avesta dixit)

« Ormuzd ne demandait au premier couple que l’humilité du coeur, le respect de la loi divine, la pureté de la pensée, de parole et d’action. »

«  Mais Ahriman vint et se présenta comme le véritable créateur de toutes choses et le couple le crut et c’est à ce moment là que leurs âmes furent vouées à l’enfer jusqu’à la résurrection ». La faim est le supplice éternel de Meisha et Meishane.

A la fin des temps, quand Ormuzd sera totalement victorieux, que les corps auront été rétablis, que le juge aura séparé les purs des pécheurs, et après que ceux-ci auront achevé la peine de leur condamnation. Zorastre a toujours dit que les pécheurs seraient châtiés, mais non pas éternellement. Un jour arrivera où la bonté d’Ormuzd étant complètement victorieuse, toutes les âmes et les corps épurés, et les démons eux-mêmes, et Ahriman, iront se reposer et jouir de la grande paix, au sein de la grande lumière, dans le paradis resplendissant. »

« Ormuzd, cessant alors d’agir, la terre cessera d’être. L’humanité toute entière, reconstituée, vivra dans le ciel, parfaitement, définitivement heureuse. Les hommes, « immortels et grands », recevront du taureau mystique, par une sorte de libation, l’essence reconstituante d’une céleste virilité, incompréhensible, mais certaine et procréatrice. »

« L’esprit du mal, le rival du dieu bon, le « daroudj Ahriman »resté seul hors du paradis, retournera de nouveau dans le monde d’Ormuzd ». Se croyant le maître du monde abandonné, il se fera prêtre. Mais, frappé bientôt dans son isolement, par l’inutilité même de ses œuvres, puisque le monde ne sera plus qu’un désert, Ahriman « courra au pont qui mène au ciel ».

« Il sera précipité à nouveau dans « les ténèbres épaisses de l’enfer » où tomberont, alors, tous les fleuves de métaux fondus.

Ahriman sera brûlé par « ces métaux coulants », dans sa forme de couleuvre voleuse » ; toutes les impuretés dont l’enfer était plein seront détruites par le feu, et l’Infernal reparaîtra, pur, digne du ciel. Ce sera le fin de tout. »

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