Présentation :
« L’hérésie albigeoise qui se développa dans le midi de la France aux XIIe et XIIIe siècles est une manifestation locale d’un mouvement hétérodoxe beaucoup plus important et ancien, le catharisme. Religion à part entière, il fut pourtant considéré comme hérétique par l’Église catholique et éradiqué au prix de 45 années de guerre au terme desquelles le royaume de France s’agrandit considérablement et l’Église renforça sa puissance.
Cet ouvrage décrit l’originalité de la religion cathare, ses fondements ainsi que les spécificités albigeoises. Il relate la répression sanglante qui a été menée contre leurs adeptes par le pouvoir central et l’Église. »
Mon avis sur ce livre très intéressant :
« C’est un livre très intéressant et synthétique qui même s’il expose des détails historiques s’attache plutôt à décrire les doctrines et les grandes évolutions historiques des différents mouvements.
Les origines du catharisme et des hérésies dualistes chrétiennes sont à chercher du côté du zoroastrisme puis de Mani et les sectes gnostiques. Mais à dire vrai, Platon aussi évoquait un démiurge…
Le zoroastrisme professe qu’il existe deux principes : le bien personnifié par Ormuzd, le principe de lumière (Ahura Mazda) et le mal, Ahriman avec la victoire finale d’Ormuzd. Le zoroastrisme aurait influencé les croyances juives transcrites dans l’Ancien Testament. La logique interne à toutes les créations de ces mouvements est de trouver une réponse à l’existence du mal dans notre monde. Comment peut-il exister autant de mal, de souffrance dans notre monde si Dieu est bon ?
A travers les persécutions, les sectes gnostiques subissent un sort atroce somme toute logique en étant cynique puisqu’elles professent que le monde est mauvais et méchant. Leur massacre en est une preuve parmi bien d’autres… Elles s’y confrontent par le biais de multiples persécutions menées par les institutions zoroastriennes puis chrétiennes « droites et dogmatiques », du moins considérées comme justes dans leurs dogmes. Ce sont des persécutions « barbares » comme le répète plusieurs fois l’auteur. Les barbares ne sont pas forcément ceux que l’on croit, n’est-ce pas ?
C’est une ironie tragique du destin que ces deux religions perpètrent de tels crimes alors que l’une a enseigné la victoire finale du bien sur le mal (zoroastrisme), l’autre la victoire de l’amour sur la haine, du pardon (la religion chrétienne). Quand on songe à la passion du Christ, on se dit facilement que ces chrétiens qui se disent orthodoxes ont endossé le rôle des bourreaux de Jésus. On se dit aussi que ce sont les créations d’institutions religieuses qui viennent pervertir le message initial. Comme toute institution, elles cherchent à garder leur pouvoir et à l’étendre, c’est un principe interne et naturel.
La principale victime étant le manichéisme au IIIème siècle avec des massacres et tortures innombrables (et bien des siècles avant la création de l’inquisition donc).
Le manichéisme (mené par le prophète Mani ou Manès) se présente comme un syncrétisme du zoroastrisme, du christianisme et même du bouddhisme. Il existe deux principes le bien et le mal. Le mal existe par rapport au bien comme la maladie par rapport à la santé. Jésus est une sorte d’ange (d’éon) envoyé par le Ciel pour indiquer le chemin. Mani croit dans la métempsychose (réincarnation). Deux catégories de personne : les élus qui se soumettent à une ascèse, et les auditeurs qui sont de simples croyants et mènent une vie rythmée par certains rites. Le but des élus est d’atteindre le nirvana (concept bouddhiste donc) au bout de plusieurs incarnations, peut-on supposer.
La matière est l’œuvre du démon, il est donc nécessaire de s’en détacher. Le corps est une prison pour l’âme d’origine divine. En toute logique, si le monde était peuplé d’élus, le but serait l’extinction de l’espèce humaine et la réintégration dans la sphère céleste. Bien sûr ça ne risque pas d’arriver. L’élu ne doit participer en aucun manière à la marche du monde, que ses œuvres soient considérées comme bonnes ou mauvaises, ce qui induit même de ne pas semer pour récolter ni élever de bêtes pour manger par ex.
Pour les bogomiles (hérésie antérieure au catharisme), Satan est aussi un fils de Dieu, l’aîné qui s’est rebellé par orgueil. Chez les dualistes, on peut distinguer un dualisme absolu, et un autre plus mitigé (mais bon ça reste relatif).
Dualisme absolu. Le monde terrestre est l’œuvre du démon. Rejet des sacrements car réalisés avec de l’eau, du pain, du vin donc de la matière qui est issue de l’œuvre du démon. Ascèse rigoureuse pour se dégager de ce monde.
Dualisme mitigé. A l’origine, un monde spirituel et puis Satan etc.
Dans les deux cas, le monde sensible n’est pas l’œuvre de Dieu.
Le corps est la demeure de l’âme, et l’âme demeure de l’esprit (conception valentinienne)
L’âme est la partie créée et l’esprit l’étincelle divine.
Il y a une filiation avec les hérésies bogomiles et encore plus loin le manichéisme, le prophète Manes, et la pensée cathare. Mouvement du XIIème siècle et XIIIème. Les cathares sont dualistes et croient en la métempsychose (ces deux éléments expliquant leur presqu’indifférence à la perspective de mourir).
Les cathares n’accordent aucune réalité au monde sensible. Défaite de l’homme primordial qui a entraîné la création du monde. Le passage sur terre, la vie devient une épreuve. On retrouve la notion d’enfer terrestre des pythagoriciens et manichéens. Le monde céleste est le seul monde réel.
Le Christ ne s’est incarnée qu’en apparence. Le Christ ne s’est fait homme qu’en apparence.
Les cathares prêchent n’importe où, bois, châteaux ou dans les maisons des auditeurs. La pratique est constituée de prières, jeûnes prolongés, surtout des sermons au cours desquels la doctrine était expliquée.
Confession publique : apparellamentum.
Rite du consolamentum. C’est quand on veut passer d’auditeur à « parfait ». L’impétrant prends divers Engagements : envers les Évangiles et donc le Christ, ne plus manger de viande, œufs, fromage, seulement végétaux ou poisson. Et pas de commerce charnel. Récitation du pater et imposition des mains.
On peut parler à propos des cathares de neomanichéisme. Et comme tel, comme une malédiction, ils connaîtront la répression et l’horreur. L’histoire se répète.
Le terme « cathare » vient du grec catharos qui veut dire pur.
Pour plus de renseignement, « summa de catharsis et leonistis » de Raynier Sacchoni.
Les bonshommes sont connus pour parcourir de longues distances à pied ou à dos de mulet, c’en est presque légendaire. « C’étaient d’infatigables marcheurs, et l’on se demande comment ils trouvaient dans leur corps squelettique, des ressources suffisantes pour accomplir de véritables exploits
Les cathares plutôt que de renier leur foi, de se convertir, se jettent dans les bûchers en chantant.
Catharisme et troubadours, curieusement, trouvent des points de jonction en Occitanie. Le catharisme est très populaire dans toutes les couches des populations (pauvres, nobles et chevaliers du sud compris) notamment à cause de l’ascèse et de la pauvreté volontaire des « parfaits », des « bonshommes », des frères à la voix douce.
L’action de Simon de Montfort pour détruire les cathares est longuement exposée.
Armée de 300 000 hommes pour massacrer les cathares et leurs protecteurs.
La croisade contre les Albigeois aurait fait un million de victimes et a duré près de 50 ans. »
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Bonjour.
Si les Cathares avaient triomphé, l’humanité serait entrée alors dans une ère nouvelle, et les huit siècles de souffrances et d’ignorance qui se sont écoulés depuis auraient été un temps de paix et de rénovation.
Au lieu de cela, l’Église entra dans la période la plus sombre et fonda l’Inquisition.
Il fallait, dans le sang et la cendre des bûchers, détruire à jamais les bienfaits d’une civilisation douce et affinée qui assurait aux hommes, avec la liberté et la prospérité, la tranquillité d’esprit et le bonheur de vivre.
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/lescathares.html
Cordialement.
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Bonjour,
Malheureusement, souvent en regardant l’histoire ou même notre propre vie, on peut voir les choses de façon fataliste… Qu’il ne pouvait en être autrement.
Le pire étant que des chrétiens célèbres comme Saint Augustin qui a persécuté (incité à la torture) les manichéens ou comme St Dominique à l’origine de l’Inquisition ont été canonisés.
En ce qui concerne « la période la plus sombre », il faut avoir en tête le temps des églises et des cathédrales qui sont des joyaux.
Je suis bien d’accord que l’Occitanie à cette époque abritait une civilisation unique avec les cathares et l’amour courtois…
Mais cette histoire continue de nous influencer en France…
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J’ai commencé à parcourir votre blog, il m’intéresse beaucoup.
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