Résumé des épisodes précédents :
Pour celles et ceux nombreux qui ont raté tous les épisodes :), je récapitule, depuis 2018, je parcours le Chemin de St Jacques depuis ma bonne ville de Metz. J’opère par tronçons, car mon travail, entre autres, ne me laisse pas le loisir de faire plus d’une dizaine de jours. J’ai donc fait Metz-Toul, Toul-Contrexeville, Contrexeville-Langres, Langres-Is sur Tille (passage particulièrement difficile car peu de point d’eau, de ravitaillement et de logement, plus canicule), Is sur Tille – Flavergny sur Ozerain (où j’ai pris le temps de faire une retraite riche d’enseignement dans un monastère), et Flavigny sur Ozerain-le Vézelay (en m’arrêtant dans deux jolies villes historiques Semur en Auxois et Avallon (petite préfèrence pour celle-là)).
Et donc cette année en 2022, je partais de Le Vézelay, point de départ proprement dit d’une des voies de St Jacques : la via Lemovicensis (voie Limousine en latin) pour arriver à Nevers. Je choisis de partir le 18 juin pour être près du solstice d’été, dans une sorte de symbole de la lumière physique et spirituelle à son maximum, et de plus, ça me permet de commencer à marcher très tôt, ce qui, on le verra par la suite, fut un avantage considérable.
En 2004, j’avais déjà effectué le très beau tronçon entre Le Puy en Velay et Conques qui traverse la moyenne montagne d’Auvergne (Via Podiensis ).
Première anecdote :
Pour rejoindre le Vézelay cette année, je partis dans un premier temps en car depuis Metz jusque Paris où je logeai chez les sœurs bénédictines de la basilique du sacré cœur.
Vue depuis le dortoir :
Premier jour je parle avec une bonne sœur à la basilique de Montmartre. Je discute à propos de ma foi chrétienne et je lui dis que je crois dans le message du Christ et que c’est un exemple inspirant mais que je ne crois pas en un Dieu bienveillant mais impassible (à la fois bon et mauvais ou ni bon ni mauvais). Elle m’explique que ma foi est « Cristo-centrée » et m’avoue aussi que parfois elle a du mal à croire en Dieu et que les doutes sont bien normaux… Dans ces moments-là, elle demande avec force à Dieu de se manifester. Et le lendemain elle a souvent des signes dans la vie. Ne serait-ce pas de l’autosuggestion ?
Elle m’explique aussi que sa foi était aussi d’abord Christocentrée et puis qu’elle a fini par rencontrer le Père et ensuite Marie, ce qui m’interroge. En fait pour rencontrer la Vierge Marie il faudrait qu’il y ait des textes autres que ceux parcimonieux des Évangiles canoniques, sinon comment la rencontrer (à moins de s’appeler Bernadette:p) ?
A la rigueur, grâce à l’Évangile apocryphe de Marie (Madeleine), il est plus facile de rencontrer Marie-Madeleine, l’une des disciples préférées de Jésus. L’Évangile de Marie n’est pas un évangile Canonique mais un évangile apocryphe dont on situe la rédaction vers 150 ans après J.C. L’étymologie d’« apocryphe » n’est pas « faux » mais caché. C’est donc un des textes primitifs du christianisme. À souligner, que Marie-Madeleine n’était absolument pas une prostituée comme le reconnaît depuis quelque temps l’Église catholique, et en plus une amie intime de Jésus voire très intime puisqu’on parle dans l’évangile de Philippe (autre évangile apocryphe retrouvé à Naghammadi) de baiser… sur la bouche. Nous lisons ainsi :
« Le Seigneur aimait Marie plus que tous les disciples, et il l’embrassait souvent sur la bouche. Les autres disciples le virent aimant Marie et lui dirent : « Pourquoi l’aimes-tu plus que nous ?
Le Sauveur répondit et dit :
« Comment se fait-il que je ne vous aime pas autant qu’elle ? »
Ce passage est extrêmement crédible selon moi, car étant donné que la société était fortement patriarcale, même les évangélistes minoraient certainement le rôle des femmes. Donc pour que cet épisode soit relaté, c’est vraiment qu’il fallait qu’il fût essentiel.
Malheureusement, les croyances erronées ont la vie dure… En fait quand je réfléchis il me semble qu’on peut rencontrer le Père en contemplant la nature. Puisque dans la nature et dans notre vie, tout est l’œuvre d’un principe unique et que la nature est bonne (voir sa beauté) et mauvaise (voir sa cruauté) selon notre appréciation humaine ou alors ni bonne ni mauvaise si on prend les voies « impénétrables » de Dieu.
Ou de manière plus satisfaisante pour moi, notre monde met en œuvre deux principes opposés (notamment le Bien et le Mal (que je mets délibérément avec une majuscule lui reconnaissant un absolu tout comme le Bien) mais aussi complémentaires, et un principe unique qui est l’origine, la couronne du Tout, un cercle parfait au-delà de nos jugements (mais qu’on a toujours le droit de juger), et en même temps incessamment à l’œuvre et de toute éternité. Ce qui fait penser bien sûr au symbole chinois du ying et du yang dont je n’expliquerai pas toute la symbolique ici ^^. Et donc, dans nos observations, notre compréhension du monde globalement pas seulement matérielle, nous pouvons remonter à ce qu’IL EST de toute éternité.
J’ai pu aussi exposer mes vues hérétiques sur ma compréhension du christianisme digne des cathares ou des hérésies dualistes.
J’ai apprécié que la sœur ne me voue pas aux flammes de l’enfer et m’écoute en toute tolérance sans chercher à convaincre à tout prix. Ce fut un échange très intéressant et bien plus ouvert que face à certains jésuites avec lesquels j’ai discuté de manière beaucoup plus âpre (mais intéressant aussi) .
Vous voyez quelles pensées peuvent m’animer plus particulièrement pendant le chemin de St Jacques?:) En fait le Chemin est aussi de discuter avec des religieux, des pélerins pour échanger sur la compréhension du monde, la spiritualité. D’arrêter d’avoir le nez dans le guidon de la vie quotidienne et s’interroger sur ce mystère qui est notre vie.
Bref (comment ça, je ne suis pas si bref?), j’ai dormi, pour un prix modique et en tant que pèlerin de St Jacques dans la basilique du sacré cœur de Montmartre, mais en échange je devais participer au relais d’adoration (c’est-à-dire rester en silence pendant une heure devant la sainte hostie) qui dure toute la nuit jusqu’à 7h du matin, tradition propre à la basilique qui se perpétue depuis plus d’un siècle. Loin de la foule de touristes en journée, nous entamons un premier relais d’adoration de 23h à minuit dans une nef quasi déserte, occupée seulement par quelques personnes silencieuses. Cette nuit-là et, sans doute manière liée, je fis un rêve mystique où l’on me disait : « Pour voir la lumière, il faut voir jour ». Voir jour… renaître comme un bébé. Laisser tomber les habits du vieil homme. Voir jour et « rencontrer » « Dieu ».
Loin de la foule de touristes en journée, nous entamons un premier relais d’adoration de 23 h à minuit dans une nef quasi déserte, occupée seulement par quelques personnes silencieuses. Cette nuit-là et sans doute manière liée, je fis un rêve mystique où l’on me disait : « Pour voir la lumière, il faut voir jour ». Voir jour… renaître comme un bébé. Laisser tomber les habits du vieil homme. Voir jour et « rencontrer » « Dieu ».
Deuxième anecdote, deuxième jour, alors signe du destin ?
Alors que j’arrive depuis Paris en train à la gare du Vézelay je me rends compte qu’il reste 10 km à faire. Heureusement il y avait seul taxi qui était là, en train de partir – avec à son bord un vieil américain qui écrivait une thèse sur le chemin de St Jacques (le truc improbable) – et qui a pu m’emmener.
Alors à votre avis, est-ce un signe ou simplement de l’autosuggestion ?
Quoi qu’il en soit, dans ma vie, je me dis qu’à certains moments cruciaux, à commencer par mon tout début de vie où j’ai failli mourir, la “vie” (ou mon ange gardien) veillait sur moi, et dans d’autres étapes importantes de ma vie. De manière qu’on peut considérer comme injuste, puisque tant d’innocents connaissent des circonstances de vie affreuses (par exemple les enfants atteints de cancer). Mais je ne vais pas râler, plutôt remercier la vie pour les bienfaits pour qu’elle m’octroie, n’est-ce pas ? Et toucher du bois accessoirement.
Hébergement de Ste Madeleine pour pèlerins (puisqu’on en cause justement) :
Je discute avec un pèlerin français qui m’explique qu’à la fin du chemin de Saint-Jacques il était devenu athée et qu’il s’était senti soulagé. En discutant je me rends compte qu’il est soulagé parce qu’il n’attend plus rien de Dieu, mais il est d’accord avec moi pour dire que Jésus est un très bon exemple à suivre, et qu’en fait il croit en Dieu, c’est-à-dire une force supérieure mais impassible.
En fait, je l’ai influencé dans sa réflexion, ou du moins je l’ai aidé à approfondir tout comme la sœur l’avait fait avec moi.
De mon point de vue, on peut prier de manière efficace et concentrée mais laisser le résultat dans les mains de Dieu ou du principe de lumière (digne D’Ormuz, le dieu bienfaisant du zoroastrime) et ne plus se préoccuper de l’effet de la prière.
Il y a aussi un pèlerin suisse roman qui ne parle pas bien français et qui nous dit qu’il fait le Chemin pour casser la routine (ce qui est aussi mon cas).
Église du St Père moins connue que la basilique du Vézelay :
Suite au prochain épisode où je ne marcherai plus seulement spirituellement mais aussi concrètement avec toute la rudesse du Chemin (en sachant que je pourrais beaucoup plus en dire mais ce serait interminable d’où ce style télégraphique)…
Statuette de St Jacques présente dans la cour intérieure du gîte pour pèlerins :
Très intéressantes tes expériences.
La découverte d’autres chemins…
Miss G très admirative de tes chemins spirituels.
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Merci fantômette verte :-), ça fait plaisir de te savoir admirative. ❤
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