Présentation :
Cet ouvrage offre une étude très complète du rosicrucianisme, tant sous l’angle traditionnel qu’historique et tente d’apporter une réponse à ces deux questions : qui sont les Rose-Croix ? D’où viennent-ils ? Pour certains, l’ordre de la Rose-Croix, né à l’époque des pharaons, aurait ensuite recueilli l’héritage des pythagoriciens, des mystères d’Eleusis, des mages de Perse, des Esséniens, des templiers… Pour d’autres, il ne serait qu’une légende. Pour d’autres encore, il s’agirait d’une fraternité appartenant aux mondes invisibles. Cette étude très complète nous conduit, depuis l’Égypte et la Tradition primordiale, dans les pas d’Hermès Trismégiste et de Christian Rosenkreutz jusqu’à l’époque contemporaine où la Rose-Croix contribue à l’élévation de l’humanité et propose à ses contemporains de regarder au-delà du monde des apparences, pour tenter de découvrir la présence du Divin. Ce livre inclut une bibliographie thématique, un tableau chronologique reprenant les dates importantes de l’histoire du rosicrucianisme et de l’ésotérisme et un index des noms de personnes.
Mon avis : Un ouvrage très intéressant, documenté et fouillé
Idéal donc pour qui s’intéresse au mouvement de la Rose-Croix, en particulier à son histoire. Histoire qui bien sûr nous introduit aussi aux idées de la Rose-Croix.
Le livre est donc écrit par un certain Christian Rebisse aux initiales C.R. comme Christian Rosenkreutz, le héros mythique du roman ésotérique et initiatique « Les noces chymiques de Christian Rosenkreutz » En fait Christian Rose-Croix pour dire les choses clairement. Ce livre aurait été écrit par John Valentin Andrae. Mais en fait Harvey Spencer Lewis, le fondateur, début XXième, de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, attribue son écriture au cercle de Thubingen, auquel John Valentin Andrae appartenait. « Les noces chymiques de Christian Rosecroix » appartient à une trilogie de textes, la fama fraternitais et la confessio fraternitatis, textes et manifestes révélateurs du mouvement de publiés au XVIIième siècle et qui appelaient à une réforme générale du monde, tant celui-ci allait mal et semblait envahi par l’obscurantisme, et les guerres de religion. Ces textes connurent un immense écho auprès des élites européennes.
Dans l’ouvrage présent, on peut donc supposer sans trop de risques de se tromper que ce livre « Rose-Croix, histoire et mystères » est écrit par un collège de rosicruciens très avancés appartenant à l’AMORC (Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix) et ayant accès à des archives importantes. On peut noter aussi que de façon significative, le nom de l’auteur « Rebisse » renvoie au terme d’alchimie « Rebis », autre nom de la pierre philosophale. Cette observation nous permet de comprendre que le processus initiatique et symbolique rosicrucien possède des analogies avec le processus alchimique. Processus qui est d’ailleurs détaillé dans les noces chymiques.
Le livre retrace l’historique depuis la tradition primordiale qui serait liée en particulier à des écoles de Mystère Égyptiennes. Il développe aussi de manière très très précise la floraison de mouvement rosicruciens ce qui ne laisse pas d’inquiéter. En effet, ça me donnait l’impression que n’importe qui pouvait créer un mouvement ayant soi-disant des origines très anciennes. C’est à mettre en lien aussi avec l’Egyptosophie très à la mode fin XIXième siècle début XXième et ce qui éclaire d’un jour particulier l’enseignement de l’AMORC, la principale obédience rosicrucienne actuelle et qui, justement, se réclame d’une filiation avec les écoles de mystère égyptiennes. Il ne s’agit pourtant pas de remettre en cause la valeur de ces enseignements très riches.
Mais si un non-initié lit ce livre, il pourrait se demander à bon droit s’il existe des preuves de cette filiation avec le mysticisme Égyptien ou est-ce une pure fable ?
Après avoir été mandaté par des rosicruciens français, Harvey Spencer Lewis a fondé en 1909 l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC). Disons que naturellement on se demande si Harvey Spencer Lewis a le profil et le passé d’un imposteur. Ce n’est clairement pas le cas. Et on peut regarder aussi si les enseignements de l’AMORC sont en harmonie, en cohérence avec la pensée d’Hermès Trismegiste (c’est à dire le corpus hermeticum en particulier) ce qui est clairement le cas. On est obligés de penser qu’Harvey S Lewis n’a pu inventer tout seul cet enseignement ce qui renforce l’impression même pour le sceptique qu’il était bien accompagné et par des personnes qui avaient une connaissance ésotérique précise, précieuse et ancienne.
C’est une question redoutable à laquelle le livre n’apporte pas de réponse. Il est par ex très facile de retracer la filiation des Maîtres Zen depuis le fondateur. Ici la chaine de transmission avant Harvey Spencer Lewis (le fondateur de l’AMORC) est pour le moins floue, qui peut plus est si on veut remonter jusque l’Égypte Ancienne ! Mieux vaut alors s’intéresser à Harvey Spencer Lewis et apprécier sa valeur en dehors de toute filiation supposée, et surtout aux enseignements délivrés dont il n’est pas le créateur en tant que tel mais le dépositaire. A noter que Harvey Spencer Lewis n’a jamais été de près ou de loin un gourou ni considéré comme tel. Il est dépositaire et transmet des enseignements qui lui ont été transmis.
Pourtant le fait que le livre expose en toute clarté ces mouvements et leur inauthenticité vraisemblable est en soi une qualité, une manière de dire que le rosicrucien doit aimer les enseignements pour ce qu’ils sont et non pour leur origine « traditionnelle » (et en fait pas historique ce qui est quand même très tendancieux comme concept, car alors où se trouve la vérité ? N’est-ce pas un tour de passe-passe habile dont le chercheur sincère se passerait bien ?)
Quoi qu’il en soit, pour éprouver la valeur de la spiritualité rosicrucienne, je conseillerais plutôt au profane « l’ontologie des Rose-Croix » de Serge Toussaint ou « L’ideal éthique des Rose-Croix » du même auteur et grand Maître de la loge francophone ou encore « L’ Ordre de la Rose – Croix A. M. O. R. C. en Questions » .