Livre intrigant et captivant…Commençons par le côté intrigant. Le narrateur du livre est censé être l’écrivain T Lobsang Rampa qui se présente comme étant d’origine européenne et avoir été initié très jeune dans une lamaserie. On nous dit de plus que l’auteur est le fils d’un aristocrate tibétain, membre du gouvernement tibétain.


Tout ça sent l’entourloupe.^^
Or quand je lis le récit, je découvre l’enfance d’un garçon né au Tibet et fils de parents tous les deux parfaitement tibétains, sans aucune origine européenne. Il suffit de regarder la photo pour s’apercevoir que ce monsieur qui se présente comme l’écrivain n’est pas d’origine tibétaine. ¨¨ Alors que pourtant le narrateur de ce livre se présente comme un lama qui a grandi dans une famille tibétaine depuis sa plus tendre enfance (et donc qu’il ne s’agit pas d’un enfant adopté).
Donc on pourrait se dire : Calembredaines, ce livre est une affabulation !
Or, force de constater qu’il n’en est rien.
Le roman (ou l’autobiographie ? Ou la biographie ou l’autofiction ?) regorge de détails du quotidien extrêmement précis, concrets ou de précisions culturelles que seul un occidental érudit ou expert pourrait connaître, et encore. Il ne s’agit en aucun cas d’un récit fantasmatique sur le Tibet légendaire. Donc comment l’expliquer ? Ou alors ce serait un lama qui a fourni à cet occidental T Lobsang Rampa (sur lequel je donnerai des informations plus tard) son histoire pour la diffuser à l’occident ?
Ce livre est donc intrigant mais aussi captivant. On suit l’itinéraire d’un enfant qui suit une éducation très dure, va devenir lama et est reconnu réincarnation d’un grand lama. De ce fait, il va suivre une instruction accélérée, notamment grâce à l’hypnotisme (hé oui), avec en perspective et en ligne de tension l’invasion du Tibet par la Chine dans quelques années prévue par les astrologues tibétains.
Le titre du livre « Le troisième oeil » raconte au cours d’une scène étonnante comment le troisième œil du héros va être ouvert au sens propre. Troisième œil qui lui servira à décrypter les auras de ses interlocuteurs au-delà des apparences, des mimiques et des masques. Cependant, ce titre n’est pas représentatif du tout de l’intérêt général de ce livre, c’est sans doute pour attirer le chaland.
Voyage astral, télépathie sont de la partie dans le développement des facultés psychiques du héros. Bien sûr on a le droit (et même le devoir) d’être sceptique, mais c’est justement le côté réaliste par ailleurs qui achève de nous troubler. Il s’agit d’un récit initiatique.
L’une des thématiques que j’ai aimée, c’est l’instruction du héros encore jeune par un lama adulte qui lui sert de guide en instruction, de guide spirituel. Ce qui me frappe, ce n’est pas le contenu de l’instruction en tant que tel maisl’idée que le guide est assez dur, est exigeant avec le héros mais utilise cette dureté pour développer les compétences de son apprenti. Je pense que tout père peut s’inspirer de ça pour réfléchir à une instruction, une éducation pour son fils qui ne soit pas laxiste mais au contraire le fasse grandir de la meilleure des manières. Bien sûr, cette instruction-éducation peut concerner la culture mais aussi le sport, les arts etc. Le père doit avoir le projet de faire grandir son enfant de manière déterminée tout en assurant son bonheur bien sûr.
Des scènes m’ont fort surpris aussi. À un moment le narrateur raconte des sortes de vols en deltaplanes-cerfs-volants auxquels les moines sont accrochés et reliés par une corde à un moine resté au sol. Il parle sans une once de compassion ou de tristesse pour eux d’accidents de moines qui s’écrasent au fond de précipices ! Fort de cette interrogation, je me suis dit que le narrateur et l’auteur devaient avoir une approche de la mort bien différente de la nôtre. Effectivement pas mal de pages plus loin, après quelques morts horribles et sanglantes racontées dans des circonstances diverses, le narrateur explique que pour les Tibétains, la mort n’est pas un drame puisqu’ils croient en la réincarnation et donc que la mort ne consiste qu’à abandonner un habit de chair pour en revêtir un autre. Vu sous cet angle… Toutefois cette indifférence certaine, naturelle par rapport à la mort qui crée tant d’angoisses chez les occidentaux me pousse à penser que décidément le véritable auteur n’est pas occidental (et donc pas T Lobsang Rampa, c’est bien mystérieux tout ça).
Le narrateur raconte aussi l’existence de salles secrètes au Potala et même un lac souterrain. Il parle aussi de l’existence mystérieuse des yétis dans un recoin secret du Tibet et évoque Shamballa. D’une manière générale, j’ai bien aimé comment l’auteur dresse une opposition entre la civilisation tibétaine dont le but serait de favoriser l’éveil de l’être intérieur alors que l’occident s’occupe essentiellement de l’extérieur.
Donc, après avoir achevé ce livre, je me suis intéressé de plus près à l’identité de cet auteur : T Lobsang Rampa. Le moins qu’on puisse dire est que s’il a une certaine notoriété, son identité et son authenticité est controversée.:)
Voici ce que j’ai lu concernant l’auteur sur wikipédia, la source du savoir de l’ère du verseau :
« Tuesday Lobsang Rampa, pseudonyme de Cyril Henry Hoskin (Plympton, Angleterre, 8 avril 1910 – Calgary, 25 janvier 1981) est un écrivain britannique qui prétendait être né au Tibet et être devenu le lama médecin à la lamaserie de Chakpori avant de parcourir le monde, puis d’abandonner volontairement son corps de naissance et avoir recours au procédé de transmigration4 pour continuer sa vie dans celui d’un Anglais. Il avait pris le nom de Carl Kuon Suo jusqu’en 1962. Ses ouvrages, en particulier le premier, Le Troisième Œil, ont obtenu un important succès populaire et l’auteur est généralement perçu comme l’initiateur d’une « nouvelle littérature spirituelle », sinon du New Age dans son ensemble5.
Des enquêtes conduites en 1958 ont montré que Hoskin, fils de plombier, était un installateur d’équipements chirurgicaux (surgical fitter) au chômage et qu’il n’était jamais allé au Tibet ni ne parlait le tibétain. La compréhension sceptique de son récit est qu’il s’agit d’un canular littéraire ou d’une imposture. »
Là où comme je disais plus haut, c’est que s’il est un imposteur, comment peut-il connaître tous ces détails sur le Tibet ? Pour moi le mystère demeure.
Voici comment nous pourrions expliquer la chose ^^ (toujours source Wikipedia) :
« Rampa fut retrouvé par la presse britannique à Howth en Irlande et confronté à ces allégations. Il ne démentit pas la naissance sous le nom de Cyril Hoskin du corps qu’il utilisait, mais prétendit que ce corps était désormais occupé par l’esprit de Lobsang Rampa22.
Selon le récit donné dans son troisième livre, Histoire de Rampa, le premier corps de Lobsang Rampa ayant été endommagé par les tortures subies lors de la Seconde Guerre mondiale et des accidents ultérieurs, n’était plus en état de rester longtemps en vie. De son côté, à la même époque, le Britannique Cyril Henry Hoskin n’avait plus goût à la vie. Un jour, alors qu’il essayait de photographier un hibou, il tomba d’un vieux pin dans son jardin à Thames Ditton, dans le Surrey, et se retrouva hors de son corps. Il vit alors un moine en robe safran marcher vers lui. Le moine lui parla de la possibilité que Rampa lui succède dans son corps. Quelque temps après, des lamas tibétains, grâce à une technique appelée transmigration, libérèrent Hoskin de son propre corps pour que Lobsang Rampa l’y remplace.
Cette histoire de changement de corps que beaucoup d’observateurs jugent abracadabrante est une des raisons pour lesquelles beaucoup ont considéré l’œuvre de Rampa comme l’un des plus gros canulars littéraires du XXe siècle. Hoskin/Rampa n’a cependant jamais modifié ses dires, et a toujours clamé que le contenu de ses livres était authentique23. »
On note plus loin (toujours source wikipedia) :
« Le tibétologue américain Donald Sewell Lopez, Jr. rapporte, dans son livre Fascination tibétaine (Prisoners of Shangri-La, 1998), sa découverte, à l’occasion de discussions sur Lobsang Rampa avec d’autres spécialistes européens du Tibet et du bouddhisme, que Le Troisième Œil était le tout premier livre que nombre d’entre eux avaient lu sur le Tibet. Pour certains d’entre eux, c’est la fascination exercée par le monde décrit par Rampa qui les avait poussés à devenir des universitaires spécialistes du Tibet24.
Le même auteur indique que lorsqu’il avait donné à lire, à ses étudiants de l’université du Michigan, Le Troisième Œil, sans leur dévoiler son histoire, il avait constaté que ses « étudiants furent unanimes dans leurs louanges, et ce malgré six semaines de cours et de lectures sur l’histoire et la religion du Tibet. […] Ils le trouvèrent tout à fait crédible et passionnant, le jugeant plus réaliste que tout ce qu’ils avaient lu précédemment sur le pays »25. »
Donc je trouve tout ça fascinant et bien mystérieux, une jolie découverte ! Un livre qui pourrait figurer sans problèmes dans les archives non classées de X-files. ^^