Chronique de « Da vinci code » de Dan Brown

En 2005, voici comment l’Église catholique réagissait à ce livre :
« DEUX ANS après sa parution aux Etats-Unis et un an après sa traduction en France, le Vatican a réagi hier à la publication de « Da Vinci Code », de Dan Brown, en appelant officiellement à ne pas acheter et à ne pas lire ce roman, alors qu’il s’est déjà vendu à 20 millions d’exemplaires dans le monde. Cette mise à l’index émane du cardinal Tarcisio Bertone, archevêque de Gênes, qui fait figure de successeur possible au pape Jean-Paul II. Ce haut dignitaire de l’Église a déclaré sur les ondes de Radio Vatican
: « On ne fait pas un roman en mystifiant les faits historiques, en disant du mal ou en diffamant un personnage historique (NDLR : Jésus) qui tient son prestige et sa réputation dans l’histoire de l’Église et de l’humanité. » » (source : le parisien)

Le livre intéressant et bien documenté et qui donne envie d’approfondir les choses avance dans un premier temps que dans les cultures païennes préchrétiennes, on vénérait à la fois le masculin sacré et le féminin sacré ce qui paraît équilibré comme point de vue. Seulement avec l’arrivée de la religion chrétienne mais pas seulement d’ailleurs (je pense pas que les juifs vénèrent beaucoup le féminin sacré), la chair, la femme ont été vus comme des sources de péchés.
Les thèses du livres sont les suivantes :
– Jésus avait pour compagne Marie-Madeleine ce qui est vraisemblable si on se penche sur les évangiles apocryphes de Thomas ou de Marie par ex. Où l’on lit notamment que Jésus embrassait Marie sur la bouche et que Pierre se plaignait du traitement de faveur de Marie.
– Jésus et Magdalena auraient eu un enfant. Ce fait parait peu vraisemblable, en tous cas, aucun texte historique ne le suggère à ma connaissance mais ça fait un bon ressort romanesque.
En gros, on comprend que les évangiles canons gomment le rôle de Magdalena et les père de l’Église à leur suite enfoncent le clou (si je puis dire). N’oublions pas que nous sommes dans des sociétés patriarcales qui ne pouvaient admettre que les femmes aient en religion un pouvoir égal voire supérieur.
Ceci est la thèse principale du livre et le prieuré de Sion (obscure mouvement ésotérique qui existe bel et bien mais qui ici sert plus de personnage de roman) détiendrait des preuves historiques de la forfaiture de l’Église catholique (notamment). L’Opus Dei dans cette optique romanesque jouerait ici un peu le rôle de faux-méchant, bras armé traditionaliste de l’Église, chargé de faire disparaître ces preuves. On verra par la suite que ce n’est pas si simple.
Nous lisons avec intérêt :
– Que les rites chrétiens se sont surajoutés sur des rites païens, on peut citer Noël qui remplace la fête de Mithra etc.
– Que Leonard de Vinci parsemait dans ses œuvres des éléments complètement hérétiques par rapport au dogme catholique (par ex Mona Lisa est l’anagramme d’Amon et L’isa autre nom d’Isis, la déesse égyptienne, on remarque d’ailleurs que dans la religion égyptienne Osiris ressuscite au bout de trois jours grâce à sa soeur Isis) et plus fameux encore que Magdalena est figurée à la droite du Christ dans le tableau célébrissime « La cène » ce qui est effectivement visible.

la-cene-leonard-de-vinci
Selon le roman, Leonardo serait un des grands maîtres du prieuré, historiquement on a le droit d’être sceptique par contre il est clair que Vinci possédait une vision peu catholique ou peu orthodoxe des choses.
– que Le prieuré de Sion défendrait l’idée que l’empereur Constantin, en se convertissant au Christianisme, « aurait substitué au paganisme matriarcale la chrétienté patriarcale » On a souvent l’impression dans le roman que finalement le prieuré de Son sert pour Dan Brown à exposer ses propres thèses au-delà de la réalité historique factuelle.
– que Jésus avant le concile de Nicée n’était pas considéré comme le fils de Dieu mais simplement considéré comme un prophète mortel (d’ailleurs le Coran dit la même chose) et que la divinité de jésus est le résultat d’un vote très serré lors du concile de Nicée. Autrement dit, à quelques voix près, nous aurions l’image d’un Jésus totalement différente et nettement plus proche de nous.
– qu’une tradition localise l’île d’Avalon (siège mythique des druidesses et druides) à Glaston Burry (ancienne île du Sommerset). Personnellement j’ai aussi entendu parler de l’île aux moines.
– tout un passage sur l’union sexuelle hiérogame présente dans le druidisme ou la religion égyptienne qui n’était en rien une orgie sexuelle mais un rituel sacré destiné à célébrer l’union du masculin et du féminin.
« Hieros Gamos ou Hiérogamie, (du grec ancien hieros = sacré et gamos = mariage, rapport sexuel), désigne dans la mythologie, une union sacrée à caractère sexuel, un accouplement (parfois mariage) entre deux divinités ou entre un dieu et un homme ou une femme. Dans le domaine de la religion, elle désigne la représentation rituelle par des humains de cette alliance sexuelle divine1. (…) la hiérogamie, le plus souvent accomplie dans la nuit précédant le 1er mai (célébration de Beltaine dans la mythologie celtique, nuit de Walpurgis dans le folklore germanique), est un rite de fertilité, censé symboliser la plantation de la graine dans la Terre et favoriser les pluies.

Ces traditions se réfèrent toutefois à des principes jugés divins3. » (source : wikipedia). C’est d’ailleurs curieux que ça coïncide avec la fête du travail. Faites l’amour pas du travail.
– que dans les anciennes traditions judaïques, les fidèles s’accouplaient dans le temple de Salomon avec des prêtresses hiérodules.
– que Jehovah est l’union de Jah (principe masculin) et hava (prénom d’Eve).
– bref que l’union sexuelle permettait de s’élever jusqu’au divin.
– un passage unique et presque poétique : « Juste avant de mourir, Rémy Legaludec eut l’impression très nette d’entendre le bruit des rouleaux que chevauchent les surfeurs, sur les plages de la côte d’Azur.
– que l’étymologie de Saint Graal serait sang real, c’est à dire sang royal. Je dois avouer que cet aspect ésotérique m’intéresse moins surtout que ça flirte avec la notion de sang pur mais bon c’est un élément qui sert la mécanique, l’intrigue du roman.

Au total pour tous ces éléments et bien d’autres, le Da Vinci code mérite vraiment d’être lu et même approfondi. Il est parfait pour commencer à s’intéresser à l’histoire du christianisme, du catholicisme et de son dogme, dogme qui par suite de trafics divers dévoie le message initial du Christ.

Da-Vinci-code

A propos Jean-Baptiste Messier

J'ai toujours été guidé par l’idée de produire des textes originaux, provocateurs voire transgressifs. La littérature érotique est mon domaine de prédilection même si j'aime parfois composer des cocktails avec le fantastique, la SF ou la fantasy. J'écris aussi des chroniques sur des livres très divers et évoque parfois des sujets assez polémiques ou spirituels. A découvrir. ;)
Cet article, publié dans chronique, Non classé, est tagué , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s