La religion, une névrose universelle et TOC :) (Freud)

Freud pensait que la religion était une névrose obsessionnelle compulsive généralisée (à la société).

En termes psychiatriques modernes (DSM IV) c’est à relier avec les TOC (troubles obsessionnelles compulsifs, individuels donc, par exemple : vérifier 100 fois que le robinet de gaz  est bien fermé).

Effectivement comme dans les TOC, l’individu dans la religion pour se débarasser d’un fort sentiment de culpabilité ou d’angoisse (ou les deux) va se livrer à des rituels qui sont censés le purifier et par là même l’apaiser…

Je rappelle la définition de la névrose obsessionnelle selon Laplanche et Pontalis (Vocabulaire de la psychanalyse, 1967, p. 284)

« L’entité névrose obsessionnelle est une entité nosographique universellement admise ». De plus « Au point de vue des symptômes, elle se caractérise par des symptômes dits compulsionnels : idées obsédantes, compulsion à accomplir des actes indésirables, lutte contre ces pensées et ces tendances, rites conjuratoires, etc. et par un mode de pensée que caractérise notamment la rumination mentale, le doute, les scrupules et qui aboutit à des inhibitions de la pensée et de l’action. »

Avouons qu’avec l’oeil de Candide cher à Voltaire, les parallèles avec la symbolique religieuse sont troublants.

la différence entre les TOC et la religion, c’est qu’à priori les TOC n’ont aucun sens pour l’observateur (par ex celui qui souffre de TOC rangera 3 mille fois sa chambre) alors que les rituels de la religion ont un sens symbolique, notamment vis à vis de l’image paternel (si on considère que Dieu est une image paternelle)… En fait même les TOC  prennent un sens si on écoute l’histoire du patient. Les TOC sont souvent liés par associations d’idées par exemple à des traumatismes que l’on veut oublier, on refoule, le TOC est une manière de l’exprimer.

c’est pourquoi Freud disait que la névrose obsessionnelle compulsive est une religion privée. Ouf ! Vous me suivez tous ? 🙂

Et inversement que la religion est une névrose universelle généralisée :)) (un TOC généralisé si vous voulez). C’est un petit malin ! euh bref !

Or on sait que l’origine du TOC se trouve dans la culpabilité et l’angoisse qu’elle génère. Mais d’où viendrait le sentiment de culpabilité  dans la religion ? 

Si on pense à la religion chrétienne (mais on pourrait choisir d’autres exemples), il est très simple de penser au péché originel…

définition du pécher originel que j’ai trouvé sur le site de l’Eglise Catholique (http://www.eglise.catholique.fr/ressources-annuaires/lexique/definition.html?lexiqueID=90) :

« – Péché mortel: Le péché mortel est une désobéissance à la loi divine par laquelle on manque gravement à ses devoirs envers Dieu, envers le prochain et envers soi-même. Pour constituer un péché mortel, outre la gravité de la matière, il faut la pleine connaissance de cause et une réelle volonté de le commettre. Ce péché pour être pardonné nécessite une réconciliation sacramentelle par laquelle le baptisé est à nouveau et pleinement admis dans la communion de l’Eglise.
– Péché originel: Le péché originel désigne spécifiquement l’acte par lequel l’homme a fait pour la première fois rupture avec Dieu. Il désigne par extension notre refus, sous de multiples formes, d’être conduit par Dieu. L’homme veut être son propre maître, sa propre fin et prendre la place de Dieu, il brise alors sa relation au Dieu Créateur.
– Péché véniel: Tous les péchés n’ont pas la même gravité. Il y a des pensées, des paroles, des actions et des omissions que la conscience réprouve. La tradition les appelle péchés « véniels », ce qui signifie « pardonnables ». Un acte de charité, un véritable regret, obtiennent le pardon de ces péchés. » 

Pour Freud l’origine de tout est le meurtre mythique du Père que l’on retrouve dans le mythe d’Oedipe et la culpabilité du fils qui en plus couche avec la mère mais bon c’est une autre histoire…. (peut-être exposée ici prochainement)

Evidemment c’est son opinion, pas forcément la mienne, mais c’est une approche troublante des religions et qui peut amener une prise de conscience salutaire sur les motivations de notre pratique croyante éventuelle…. et qui du coup par prise de conscience peut nous permettre de croire « mieux ».

c’est dans « L’avenir d’une illusion »  (et aussi dans une moindre mesure Totem et Tabou) qu’il expose en grande partie les idées que je viens de présenter, petit bouquin très lisible et très intéressant.

J’ai écrit un texte (lisible et téléchargeable gratuitement) sur ce sujet mais qui nuance la position de Freud, je vous le présente :

Manque de (re)père et névrose obsessionnelle religieuse

Présentation :

 

La thématique du père absent est particulièrement présente dans nos sociétés que ce soit psychologiquement ou physiquement avec le développement des familles monoparentales en particulier, où, la plupart du temps, la garde des enfants est assurée par la mère.

En admettant que le complexe paternel soit fort, que le complexe d’oedipe n’ait pas été vaincu à cause d’une menace de castration qui n’a pas joué entièrement son rôle, Dieu en tant que figure paternelle correspond à une représentation sur laquelle l’affect, la libido peut se déplacer.

De plus elle a l’avantage dans son « éternelle absence » d’être en fait toujours présente.

Freud qualifiait la religion de « névrose universelle ». Mon propos est plus d’indiquer que certaines personnes du fait d’un certain vécu peuvent vivre la religion comme une névrose obsessionnelle (pensées obsédantes de type religieux, rites conjuratoires comme la pénitence).

Qu’il y aurait une dynamique psychique entre le fait d’être en manque de père et le besoin de Père.
De ce point de vue, Kierkegaard dont on découvre l’intériorité peut être considéré comme une illustration.

Mots clés : orphelin de père, complexe paternel, angoisse, névrose obsessionnelle, représentation de Dieu, Kierkegaard.

Sommaire :

1. Titre et résumé 1
2. 2. Père, pourquoi m’as tu abandonné ? 3
3. 3. Perte du père et névrose obessionnelle de type religieux 5
4. Dieu, figure paternelle, religion névrose universelle ? 8
5. L’énoncé des hypothèses 17
6. Conclusion : Bouddha est il une figure paternelle ? 19
7. Bibliographie 20

Mot clés : 
pere, nevrose, religion

A propos Jean-Baptiste Messier

J'ai toujours été guidé par l’idée de produire des textes originaux, provocateurs voire transgressifs. La littérature érotique est mon domaine de prédilection même si j'aime parfois composer des cocktails avec le fantastique, la SF ou la fantasy. J'écris aussi des chroniques sur des livres très divers et évoque parfois des sujets assez polémiques ou spirituels. A découvrir. ;)
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55 commentaires pour La religion, une névrose universelle et TOC :) (Freud)

  1. filamots dit :

    Bonjour Jean-Baptiste,
    Je viens de lire ton article sur Freud et sa conception celle-là ou une autre et il a ce droit, de partager son opinion.
    La pensée à ce sujet la mienne, ainsi que d’autres se sont bien éloignée de ces sujets, même eu égard à l’extrait biblique cité.
    En effet, il est intéressant de plonger dans la notion de péché inventé par le pouvoir chez les hommes pour donne à ceux-ci une notion intense de la culpabilité afin de mieux les asservir à ce pouvoir.
    Le péché et tous que j’ai appris en étant petite et qu’on nous inculquait dans la transmission orale familiale, cette pensée là, fort heureusement a bien été modifié.

    Je suis chrétienne, et je ne crois pas à la notion de péché. Les qualificatifs qui ont été attribués au mot péché, sont pour les trois cités et que j’ai appris, bien loin de ma pensée actuelle.

    Ce qui est dommage, c’est que cette notion de culpabilité dans la religion catholique soit encore rendue aussi culpabilisante.
    Le péché est totalement personnel et dans la relation directe entre moi et le Seigneur, qu’il soit dans le Christianisme ou dans d’autres religions qui ont un tronc commun avec Dieu. Celui qui ne devrait pas être nommé. Je n’ai pas lu toutes les réponses,
    Je n’ai pas le temps de tout développer, du moins ma pensée qui m’appartient personnellement et que je n’oblige personne à partager. C’est souvent un sujet qui fâche 🙂
    Quant à ce que dit Freud : « névrose obsessionnelle compulsive généralisée (à la société). »
    Je comprends ce qu’il veut dire. Remettons-nous à l’époque des écrits de Freud. C’est ainsi que la société pratiquait la religion catholique. L’homme avait une bonne excuse pour s’attribuer les pouvoirs au nom d’une pensée qui s’appelle Dieu. Oui il y a eu névrose, il suffit de se pencher sur l’Inquisition et tout le mal engendré par les hommes au nom de ce Dieu, et ce n’est pas fini. Névrose du pouvoir, et d’après ceux qui avaient le pouvoir, soit l’Eglise constituée par des êtres humains imparfaits. Si l’abus de pouvoir est une névrose alors oui. En tout cas l’abus de pouvoir est pour moi un manque de liberté.

    Voilà quelques mots pour intervenir sur ces sujets toujours passionnant à partager dans le respect de toutes les pensées.
    Le péché et le pouvoir de culpabilité qu’il a engendré depuis tant de siècles en a bien fait des dégâts dans les esprits de bonne foi.

    J’aime

  2. Ping : exemple de nevrose

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