Un conte de l’Alhambra à ma « sauce » ^^

Aujourd’hui une petite histoire en clin d’oeil à Washington Irving connu pour avoir recueilli des contes sur l’Alhambra, ce magnifique palais maure aux jardins paradisiaques qui surplombe la ville de Grenade.

C’était par une chaude journée de mai à Grenade. Ce matin, le soleil dardait ses rayons et il faisait déjà chaud. Un couple, un jeune homme certainement français si l’on en jugeait par le guide qu’il tenait à la main et une jeune femme chinoise, à l’air dynamique, cheminait dans le vieux quartier de l’Albaicin. Quartier composé de vieilles maisons blanches au style méditerranéen et arabe.

La veille ils avaient découvert le magnifique palais de l’Alhambra et du haut d’une des tours, le jeune homme avait regardé un ermitage (ermita de San Miguel el Alto) qui le surplombait et avait lancé en riant : "demain nous irons là haut". En plaisantant car il semblait bien haut et assez éloigné.
Cependant il arrivait souvent que les idées les plus saugrenues en apparence fasse leur chemin dans le subconscient de ce jeune homme. C’est ainsi que nous retrouvons ce couple en train de gravir la haute colline qui surplombe l’Alhambra.
La jeune femme chinoise pourtant habituée aux lubies de son compagnon commençait à râler mais le jeune homme lui dit "allez encore un effort, le point de vue doit être très beau."
Après avoir traversé le vieux quartier il se retrouvèrent tout en haut de la colline et effectivement, c’était beau et le couple pouvait être content. Peu de touriste devaient venir ici, car en fait ils surplombaient non seulement l’Alhambra mais aussi l’ermitage et la ville de Grenade, et ils avaient une superbe vue sur les montagnes enneigées de la Sierra Nevada.

c’était réellement très beau. Dans un ultime effort, ils descendirent vers l’ermitage qui était en fait une chapelle fermée prolongée par des vieux murs qui devaient servir dans une époque ancienne de muraille extérieure qui protégeait le palais Maure.
Devant la chapelle, un espagnol fumait une cigarette en écoutant de la musique techno qui sortait de l’autoradio de sa voiture. En conversant, le couple apprit que c’était un habitant de Grenade qui adorait venir ici avant le travail.

Après avoir discuté un peu, le couple entreprit de descendre par un sentier à flanc de colline qui longeait dans un premier temps l’ancienne muraille. Ils eurent le loisir ainsi d’observer que des demeures taillées dans la roche qui servaient de refuge aux marginaux et aux vendeurs noirs de divers breloques.

 C’est peu dire que leur couple faisait intrus mais les gens les saluèrent aimablement et ils continuèrent leur chemin tout à leur sentiment de découverte et d’inédit.
Ils retrouvèrent ainsi le vieux quartier et se posèrent sur une terrasse d’un bar chic qui proposait une très belle vue sur l’Alhambra. La jeune femme asiatique dégusta une sangria que lui avait conseillée son compagnon et celui ci sûrement assoiffé commanda un demi litre de bière. Le soleil avait été dur et il faisait chaud, il était dans les deux heures de l’après-midi.

Ils entreprirent de chercher un restaurant. Le français sentait l’alcool faire son effet : assez joyeux et content de tout, déjà qu’il avait un caractère naturellement porté sur l’appréciation des instants que la vie lui proposait, autant dire qu’il commençait vraiment à être très content.
Comme par enchantement, ils trouvèrent un restaurant très élégant à moins de deux pas du bar où ils étaient précédemment perchés. Pourtant ils avaient fait tout un détour, fort sympathique au demeurant, pour dénicher ce restaurant : l’étoile de Saint Nicolas (San Nicole Stella) près d’une église du même nom.

Un serveur très racé et pour tout dire qui pouvait évoquer la physionomie des maures d’antan vint les accueillir. Ils furent surpris que celui ci leur parla dans un français parfait. En fait il s’avéra que ce maure était en fait un français qui avait vécu à Paris et que c’était le patron du restaurant. Le décor du restaurant était soigné et de très bon gout, on sentait que chaque détail avait été pensé pour enchanter l’oeil du gourmet. Ils prirent un apéritif, un très bon porto et devisèrent avec le patron du restaurant qui par sa conversation tout à la fois virile et aimable les mettaient définitivement à l’aise. Le français était de plus en plus heureux de vivre, attablé devant l’un des plus beaux panorama qui plus est. Sa compagne était également souriante et savourait les instants. En sourdine, ils entendaient la voix chaude et charmeuse de Georges Michael.

Il commanda une bouteille de bon vin rouge d’Espagne qui acheva de le mettre de bonne humeur (un Rioja).
Ils dégustait les plats (et le mot convient vraiment) : salade avec des noix, et des toast de chèvre chaud, confits de canard avec une sauce délicieuse….
Tout était décidément parfait.
et l’on aurait désiré que le temps resta suspendu.
Mais la fin du repas arriva (il devait être vers 17h30) et ils réglèrent l’addition très modique pour le très bon moment qu’ils venaient de vivre. Le français savait qu’il avait trop bu. Mais il sortit vaillamment du restaurant…. la démarche chancelante. Il dit à sa compagne "qu’est ce que c’était bien mais j’en ai les jambes qui vacillent !"
La jeune femme rigola et finalement ils échouèrent sur la place près de l’église… assaillie de touristes.
Le jeune homme adossé au pilier d’une statue sentait la tête lui tourner et un haut le coeur irrépressible l’envahir. Il vomit tout ce qu’il put.
Et il sentit qu’il allait devoir se vider par toutes les voies. Dans sa lucidité, il dit à sa compagne qu’il fallait revenir de façon urgente au restaurant, son appareil digestif réclamait des toilettes.
Arrivés devant le restaurant, ils trouvèrent porte en bois massif et judas clos. Le jeune homme avait vraiment l’impression de se trouver dans un conte où on sort d’un endroit paradisiaque et quand on veut y retourner, ce lieu nous est fermé par une sorte d’enchantement.
Heureusement, il put sonner et le patron du restaurant conscient de son état lamentable voulut bien lui ouvrir. Il se précipita dans les toilettes qui étaient en tout point charmantes comme il l’avait déjà constaté au cours du repas. Il se vida les intestins tant et plus dans un niagara dyonisiaque.
Enfin il sortit des toilettes après les avoir soigneusement nettoyées. Le patron fort attentionné lui proposa de se reposer dans le patio ce qu’il fit avec bonne volonté. Dans ce patio tronaît un visage de Bouddha en pierre et une fontaine.

Décidément ce lieu est magique (et je vous le recommande mais en étant sobre).
Ils patientèrent ainsi jusqu’à ce qu’il se sente d’attaque. Ils revinrent à leur pension dans le centre ville guidé par la démarche légèrement titubante mais l’esprit relativement lucide du jeune homme.

Pour ce qui est de la morale de l’histoire, le jeune français à qui pareille mésaventure alcoolique n’était pas arrivée depuis fort longtemps, pensa qu’il n’avait pu supporter une telle perfection et que ça le fit vomir. Quant à vous, cher lecteur, je vous laisse faire votre opinion certainement avisée.

A propos Jean-Baptiste Messier

J'ai toujours été guidé par l’idée de produire des textes originaux, provocateurs voire transgressifs. La littérature érotique est mon domaine de prédilection même si j'aime parfois composer des cocktails avec le fantastique, la SF ou la fantasy. J'écris aussi des chroniques sur des livres très divers et évoque parfois des sujets assez polémiques ou spirituels. A découvrir. ;)
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2 commentaires pour Un conte de l’Alhambra à ma « sauce » ^^

  1. xixi dit :

    J\’aime bien celà "et l\’on aurait désiré que le temps resta suspendu"Un petit point brillant dans ta vie, n\’est-ce pas?Je suis très contente de partager ce moment avec toi.

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  2. Patricia dit :

    opinion avisée : que nenni, mais qu\’il a fait bon rire de lire tout ça !!! j\’ai un très lointain souvenir des beautés du palais de l\’alhambra, et je n\’ai pas fait cette randonnée si haute de richesse autant que d\’altitude… mais mon dernier séjour en espagne ne s\’est pas soldé par meilleure position ! la sangria à volonté d\’un fabuleux restaurant et un léger chagrin d\’amour d\’adolescente m\’ont fait suivre les pavés des trottoirs de séville dans leurs méandres… tout ça pour justifier une démarche inhabituellement chaloupée !les photos sont superbes, quelle douceur pour mon coeur castillan !

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