Deuxième début :

De bonne humeur et des deux mains, je me levai ce matin. Le
ciel était violet et l’air sentait bon la cendre chaude. Je m’habillai
rapidement, mes trois bras facilitant la tâche. La glace me montrait un visage
où les pustules s’organisaient en flocons de neige harmonieux. Je n’étais pas
loin de la forme ronde, parfaite selon les anciens. J’avais beaucoup de succès
auprès de la gente féminine.

Au tribunal, je m’assis. Le juge n’avait pas toute sa tête.
Il lui manquait toute la partie droite de sa bouche, puis en élargissant le
plan, je me rendis compte avec intérêt que la moitié droite de son visage
n’était qu’un vaste trou sans bord en fait.

Il m’adressa un salut amical de son pied, auquel je ne
répondis pas, la réciprocité des gestes étant obligatoire. L’assemblée, autour
de moi, était silencieuse. La plupart ne possédaient pas de bouche. Sans plus
attendre, j’appuyais sur le bouton de la télécommande, pour connaître la
situation certainement dramatique à laquelle je serai confronté. Les caméras me
zyeutaient avec indifférence.

Sur l’écran s’inscrivit en lettres bariolées (sans doute
pour rendre plus pittoresque mon crime), l’acte vraiment abominable que j’avais
commis. La variable aléatoire en avait décidé ainsi. Le juge attaqua d’une voix
curieusement asymétrique :

« Monstruosité sans nom (je m’appelle Triplex),
… »