V
La pension se trouvait à Mattawkeag, ville qui se trouve à
la croisée de deux routes qui s’unissent pour mener à Fredericton, dans le
nouveau Brunswick, c’est-à-dire : nulle part.
Elle s’appelait la maison de Job. Ils étaient une
cinquantaine, qui se répartissaient sur trois niveaux différents, correspondant
pour simplifier à la seconde, première, terminale. Il était en seconde.
Il ne cherchait pas à se faire d’amis. Il était conscient de
sa froideur, du noir dans son âme.
Pour un garçon de son âge, on devinait déjà la stature de l’homme,
1,85 m pour 75 kg. Un beau gabarit sans un pet de graisse. Il avait hérité du
teint légèrement mat de son père, de ses yeux noirs. De sa mère, l’élégance du
corps et du geste. Dans les traits réguliers de son visage, on pouvait reconnaître
l’influence de ses 2 parents mais indéniablement, il y avait une marque qui n’appartenait
qu’à lui.
22 novembre 1963.
C’était une journée de 1963 comme toutes les autres, où le
temps s’enfuit dans la grisaille du Maine. Ils avaient commencé à huit heure
par un cours de catéchisme « de façon à susciter en eux l’éveil spirituel »
comme dirait le dirlot. Peine perdue ! En science naturelle, il avait
écopé d’un A à un contrôle. L’après-midi, ils avaient joué au basket, sport qu’il
n’affectionnait pas particulièrement.
Le soir, après le repas à la cantine, ils s’étaient
rassemblés, comme d’habitude, devant la télé de la salle à manger, pour
regarder le journal sur NBC.
Kemper nota le visage congestionné de Marc Bolan, le
présentateur d’alors. Celui-ci annonça d’une voix étranglée :
« bonsoir, mesdames et messieurs… comme vous le savez
sans doute déjà… il est arrivé un drame à Dallas… notre président est mort…
assassiné. » des exclamations dans la salle.
Des images défilèrent, que tout le monde connaît, avec en
voix off, le commentaire que Kemper n’écouta pas. Il regarda exploser comme une
pastèque la tête du président.
Commentaire : « Notre président, semble t’il, a
été victime de trois balles tirées par un tireur d’élite, du haut d’un immeuble… »
Le dirlot, qui regardait le journal en même temps qu’eux, était glacé et
silencieux. Cette attitude semblait influence le reste de l’assemblée, devenue
muette. Kemper, aussi, était silencieux.
Commentaire : « selon nos premières informations,
il s’agirait de l’aboutissement d’un contrat lancé par la mafia, excédée qu’elle
est par la vague des grands jurys, inpirée par le président. »
Ce soir, dans la chapelle qui jouxtait le dortoir, ils
firent une prière collective.
Kemper rumina cet événement. En apparence, il ne laissait
rien voir de ses préoccupations.
Le 24 décembre, c’est Noël. Il profita de la crèche vivante,
de laquelle il avait été écarté, pour se tailler. Il franchit aisément le mur d’enceinte,
recouvert de lierre. Il emportait un balluchon et juste assez d’argent pour
aller à Augusta et s’acheter un sandwich. Il avait volé l’argent à l’un des
pensionnaires, à qui les parents fournissaient régulièrement de l’argent.
belle insertion de l\’Histoire dans la fiction… dommage que ça s\’arrête si tôt ! va falloir exercer quelque peu la patience déjà entamée par l\’attente pour lire la suite ! pire que la programmation de Dr House !!! 😉
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j\’ai les yeux bleus comme le docteur house mdr ;)mais tu me fais bcp d\’honneur en disant ça !
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Bonsoir,
Merci pour ton com et des compliments.
Je viens de lire ce billet et je repense à cette fameuse journée où tout s\’arrêta, comme si c\’était l\’humanité qui avait reçu ces trois balles.
Et puis, plus rien….Je serai patient pour lire la suite.
Belle soirée,
Gal
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les yeux bleux ? je t\’espère au moins aussi charmeur que lui mais bien moins asocial ! hihi !
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