De l’autre côté du miroir
Lourdes traces,
Jours de pluie,
Qui efface ?
Qui essuie ?
(Les Oriflammes, Noir Désir)
« Sans » regardait A.S. de Carreau.
Ces êtres qui le haïssaient semblaient s’être transformés en statues de sel.
A son apparition, les sourires s’étaient figés en rictus grimaçants, et la musique s’était tue… comme par enchantement.
Plus ectoplasme qu’être humain, Sans semblait s’être vidé de son sang.
Ses parent l’avaient averti : il était différent, il ne projetait aucun reflet. « Sans », ainsi l’avait surnommé ses parents. Pourquoi ? il ne possédait pas de miroirs, terrible malédiction dans un monde, où le miroir reflétait la beauté comme la personnalité de tout individu. Sans subissait un enfer quotidien de gestes, de regards, qui l’interrogeait, l’interpellait brutalement…
Pourquoi était il différent ?
Sans regardait les autres enfants dans la classe. Une tension s’était installée entre eux, devenait insupportable. Sans, pour une fois, n’était pas à côté de la porte, de la sortie. Il avait été retenu par la plus jolie fille de la classe…. A.S. de Carreau. Ils avaient échangé quelques mots à l’immense joie de Sans.
La sonnerie retentit comme le rituel d’une course pathétique et impitoyable. Le garçon qui s’était placé devant la porte lui fit une croche-pied, il trébucha. Une multitude de mains s’abattit sur lui et l’entraîna dans les toilettes pour garçons. Il avait l’impression d’étouffer.
Sa tête cognait contre le sol. Tel un heurtoir contre une porte. Le démon du sol allait-il l’entraîner dans sa demeure malfaisante ?
« Mais qu’est ce que vous faites ? » s’enquit une voix haut perchée, certainement celle d’un professeur. Sur les masques, une humble soumission succéda à la joie féroce. Beaucoup de temps était passé depuis…
Sans avait toujours considéré le monde, comme le considérait sûrement un poisson rouge dans son bocal étroit et dont l’eau serait pauvre en oxygène. Un monde d’ombres fugaces, dont l’agitation lui demeurerait toujours étrangère.
D’ailleurs, qui était Sans ? Réfléchissait-il seulement la lumière pour que les autres en profitent ? non, il était simplement une vitre qui se laissait traverser par la lumière sans la redistribuer.
Voilà ce à quoi songeait Sans, tandis qu’il regardait un homme en train de feuilleter des paperasses. Le proviseur du collège, pur produit de notre société, contemplait avec ennui le dossier de Sans, récit d’une inadaptation chronique. Qui pouvait seulement supposer que l’élève en face de lui, en n’ayant pas de miroir, pût être évolué ? Personne, pas même le faiseur d’élucubration le plus fou.
Le pied gauche du proviseur glissait lentement vers la pédale qui enverrait Sans en banlior. Sans s’agitait nerveusement, sentant qu’un péril planait sur lui. Aussi s’allongea t’il sur le sol rugueux et froid.
Banlior était un endroit qu’on ne pouvait évoquer sans un frisson d’horreur. Le destin des exclus, des marginaux, des hors-normes passait par là. En Banlior, vous aviez l’éternité pour penser et pour… hurler.
Le pied s’écarta de la pédale.
Le gamin avait déjà eu son lot de souffrances. Il l’autorisait à poursuivre ses études. L’année scolaire venait de se terminer et l’année prochaine tout le monde s’éparpillerait. Le soir même, une fête était organisée chez A.S. de Carreau. Toute la classe était invitée, même Sans. Il se demandait avec un humour teintée d’amertume, si ce n’était pas lui qui était censé être le clou de la soirée. On devait prononcer un prononcer un petit speech en guise d’adieu. Il avait empoigné son filet à papillon et saisit quelques idées.
y\’a-t-il de ton vecu dans ces lourds récits ?, poignants… ; je ne me lasse pas de te lire ; peu de temps, mais nous aurons l\’occasion de converser un jour peut-être…bonne soirée à toi je suis un tout petit peu déçue par la hâte dont tu as abusé pour ce dernier billet, tant pis… à bientot. (clein d\’oeil à Bertrant Canta)
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…NoBody 😉
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bonjour Personne (mais je ne suis pas un cyclope ;))de mon vécu pas exactement, mais si j\’ai pu m\’inspirer de certains états psychologique que j\’ai connus mais en les exagérant très forts…. j\’avais simplement envie d\’écrire une nouvelle sur l\’adolescence et sur la différence, et de créer des images un peu lourdes comme tu dis pour dire la difficulté que cette période peut être….Ai je été bref ? je ne sais pas, je ne calcule pas quand j\’écris…la prochaine nouvelle sera beaucoup plus longue et nous emmènera encore dans d\’autres mondes que j\’espère fascinants :-),à bientôt
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