Roméo

 

La holotélé déversait son flot
quotidien d’images atroces, d’immondices. L’effort était louable de la part des
journalistes : ils tentaient d’intéresser, du moins, car il ne faut pas
être trop optimiste, d’attirer l’attention. Cependant, plus les journalistes
montraient l’horreur, et plus l’intention de faire réagir le public, avait pour
résultat contraire de l’anesthésier, de lui enlever sa sensibilité.

C’est pourquoi, au fil des
années, l’idéal de justice amorcé au au 18ième siècle, avait bel et
bien sombré.

Aussi Roméo, affalé dans son
divan, devant la holotélé, ne réagissait pas. Après tout, n’était-il pas
immortel ?

Rien n’avait d’importance, les
guerres civiles, les épidémies…. En fait, il regardait la holotélé pour tuer le
temps. Il aimait bien cette expression. Paradoxalement, il aurait voulu être un
héros, quelqu’un qui laissât sa marque d’une manière ou d’une autre, quelqu’un
dont on se souviendrait du nom.

Mais comment laisser une trace,
quand l’humanité a l’éternité devant soi ?

Sa montre, datant du XXIIième
siècle, une vraie pièce de collection, lui indiquait 21 heures. Il était temps
de partir. Il sortit de la maison qui lui souha « bonsoir » de sa
douce voix métallique, manipula son anneau anti-gravité, et s’éleva dans les
airs.

Comment s’occuper une
éternité ? La vie peut elle avoir un sens ? il s’interrogeait
souvent. D’après ses minces connaissances en histoire, il savait que les hommes
à une époque luttaient pour une utopie. Maintenant ce pourquoi les hommes
s’étaient battus, s’étaient réalisé : les machines s’occupaient de tout,
ils étaient immortels, ils étaient beaux. Oui, mais voilà, ils s’ennuyaient.

La porte de la maison de
désennuiement lui demanda comme à chaque fois : « publique ou
privé ? » il répondit « publique » : c’était un voyeur
et de plus, il était toujours seul. Les murs de la salle étaient d’un rouge
criard, comme pour tirer les hommes de leur torpeur. Le sol et le plafond
étaient recouverts de deux immenses miroirs, grâce auxquels, on pouvait
atteindre une perfection quasi-aritistique.

 

A propos Jean-Baptiste Messier

J'ai toujours été guidé par l’idée de produire des textes originaux, provocateurs voire transgressifs. La littérature érotique est mon domaine de prédilection même si j'aime parfois composer des cocktails avec le fantastique, la SF ou la fantasy. J'écris aussi des chroniques sur des livres très divers et évoque parfois des sujets assez polémiques ou spirituels. A découvrir. ;)
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