Avant de rentrer chez lui, dans la cité des justes, Bogart devait survoler la cité des miséreux. Après la cité des justes venait la cité des immortels, qui était ainsi soigneusement protégée de tout contact dégradant. Bogart, s’il côtoyait souvent les miséreux à cause de son travail, n’avait jamais encore pénétré dans la cité des immortels.
La société était ainsi divisée en trois classes, les immortels, les justes et les miséreux. Les justes étaient recrutés parmi les plus méritants des miséreux, ceux qui respectaient l’ordre et ne craignaient pas de le faire respecter. Chacun, dans la théorie, pouvait devenir immortel, pour cela il suffisait de réunir 100 000 slovos. Cependant tout le monde savait que les justes bénéficiaient de rémunérations irrégulières mais importantes. Parmi les miséreux, seuls les patrons d’usine ou les hauts cadres pouvaient un jour prétendre à l’immortalité. Mais le plus humble accumulait des économies dans l’espoir qu’un jour peut-être….
Les « rognages » successifs du slovo venaient refroidir leurs espérances. La cité des immortels voulait éviter tout afflux incontrôlé. Si les immortels ne travaillaient pas et passaient leur temps à se distraire, la raison en était que les miséreux, par leur travail, leur donnaient l’abondance. En échange, les miséreux pouvaient entretenir un faible espoir…
Bogart avait dû souvent intervenir dans des affaires où un miséreux avait volé le magot d’un de ses compagnons d’infortune. De la hauteur où il se trouvait, il pouvait détailler cette population de loqueteux, qui n’hésitait pas à se priver de l’essentiel, à rapiner….
Une cité de pleurs et d’horreur, construite de bric et de broc, où les cahutes, les existences, s’entassaient les unes sur les autres.
Bogart avait été l’un des leurs. Mais il avait su prouver qu’il pouvait être froid, cynique. Il avait franchi une étape. C’est avec un sain mépris qu’il examinait cette vie d’accouplement, de sueur et de peur. Enfin, il vit se profiler les tours blanches de la cité des justes. Ici était le règne de la propreté et du silence. Il n’y avait pas d’animation dans les rues. Les justes se devaient d’être sans états d’âme, ni joyeux, ni malheureux. Les contacts n’étaient pas très recherchés, pouvant être signe de faiblesse.
Bogart habitait au vingtième étage d’un building. Il rentra dans son appartement, mangea et écouta un groupe antédiluvien, Joy Division.
Bien rare ceux qui écoutent …, Joy Division, hallucinant!! Bcp de point commun, ça me fait vraiment plaiz de tomber là-dessus!! Merci! … "Une cité de pleurs et d’horreur, construite de bric et de broc, où les cahutes, les existences, s’entassaient les unes sur les autres."
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Joy Division c\’est la tulipe noire de mon univers musicale, ce groupe occupe une place particulière dans mon coeur… je suis content que tu apprécies, parce que en mettant ce titre j\’avais vraiment l\’espoir qu\’une oreille y serait sensible… je me suis promené sur ton site aussi, et bien sûr je m\’y retrouve, aaaaah Hermès le trois fois sage 🙂 et je vais aller revoir de plus près tes dessins….
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