Ta dictature

Roméo

L’idée avait pris possession de
lui. Le jour et la nuit, elle le tourmentait. Ce n’était pas de l’angoisse mais
plutôt une fièvre, une excitation intense, qui lui donnait enfin le goût de
vivre. Sans cesse, il réfléchissait à ses implications pour lui et pour les
autres, et à sa mise en application. Certainement son action marquerait l’histoire
ou même la recréerait ! quelle fierté, quel amour de soi retrouvé !
un but à atteindre et ensuite mourir.

Certes Roméo n’avait pas encore
mis en œuvre son projet, il hésitait. Mais au fur et à mesure que le temps
passait, il se sentait transcendé par sa mission. Plusieurs fois, il avait
suivi la blonde platinée, mais à chaque fois il avait vacillé au bord du
précipice. Il avait bien remarqué qu’elle l’avait remarqué. Mais que pouvait
elle faire ?

Il était bien connu que dans la
cité des immortels régnait la concorde et l’ennui.

Aujourd’hui était un jour
différent, l’oiseau prendrait son envol. Il avait vu arriver sa copine. Il guettait
au coin de la rue. Elles sortirent aussi ravissantes l’une que l’autre. Roméo avait
noté que suivant un processus incompréhensible mais certain, la blonde avait
opté pour des tenues vestimentaires de plus en plus sobres et élégantes, comme
si elle avait le pressentiment de son malheur tout proche.

Il se réjouit à l’idée que le destin
fut aussi palpable, même pour les esprits les plus confus. La tâche n’en
paraissait que plus aisée. Elles entrèrent dans un magasin de vêtements, de même
que Roméo quelques instants plus tard. Il s’avança vers la cabine d’essayage et
tira d’un geste lent le rideau.

« putain connard, t’as pas
vu que la cabine était occupée » l’apostropha vivement la blonde.

Déjà dans ses yeux, brillait la
lueur noire du désespoir. Ragaillardi par le lyrisme de cette pensée, il sortit
le stylet de sa poche. La blonde avait compris :

« arrête, arrête ! »

la brune, qui avait les yeux
verts, remarqua t’il dans un temps ralenti, tenta de s’interposer. Inutilement.
Il planta le stylet dans le cœur de la blonde. Et ce fut l’explosion, Roméo se
trouva tout abasourdi, avec la brune qui gémissait, hurlait !

mon Dieu, que devait il faire ?
vite, fuir ! Il sortit du magasin comme un doux dingue ou plutôt comme un
fou furieux, et s’envola vers des cieux moins cléments : la cité des
miséreux.

A propos Jean-Baptiste Messier

J'ai toujours été guidé par l’idée de produire des textes originaux, provocateurs voire transgressifs. La littérature érotique est mon domaine de prédilection même si j'aime parfois composer des cocktails avec le fantastique, la SF ou la fantasy. J'écris aussi des chroniques sur des livres très divers et évoque parfois des sujets assez polémiques ou spirituels. A découvrir. ;)
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