Maldoror

La légende du Graal

 

 

 

 

Le Royaume à priori paraissait toujours aussi souriant : les oiseaux chantaient, les paysans moissonnaient le blé et faisaient les meules… Le château étincelait toujours de sa blancheur.

Pourtant on sentait comme une indéfinissable langueur, nostalgie, lézarde dans le bel ordonnancement. Il se murmurait que le saigneur était atteint d’une maladie profonde, incurable, une maladie d’Amour. Le Royaume avait perdu son centre, son foyer, son axe.

Si rien n’était fait, certainement le Royaume dépérirait et la gaste forêt perdrait son aura : les arbres perdraient leurs feuilles et la terre sa fertilité…

Perceval était alité, une lance perçait son cœur et le faisait saigner jour et nuit…

Aussi les Dames avaient fourbi leurs plus belles armes, décolletés, poèmes, traits d’esprit, tout pour le séduire, et ranimer en lui la flamme de l’amour. Elles défilaient devant lui, certaines étaient très jolies, d’autres une personnalité très intéressante… mais Perceval restait étendu sans bouger, il se disait en lui-même, j’ai connu la communion de l’esprit, du corps et de l’âme et pourtant j’ai échoué, ma Belle, mon Adorée est partie, et c’était dans la logique des choses… que rechercher maintnt ? Elle m’aime, je l’aime et pourtant nous sommes séparés, que faire ? Que penser ? Comment puis-je aimer quelqu’un d’autre ?

Perceval aimait trop la vie pour se résigner et se dire : « tout est fini, je n’ai plus qu’à mourir… » Peut-être la vie avait elle autre chose à lui révéler ?

Aussi se mit il en route droit vers l’inconnu… avec le souvenir de son Amour accroché au cœur qui lui soufflait de bien se comporter… de ne pas donner son amour et de pas aimer n’importe qui.

Il cheminait sur son cheval, ne sachant pas où il se destinait. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il ne pouvait se contenter de rester immobile, passif… il lui fallait aller au-delà de la douleur qui lui rongeait le cœur. Perdu dans ses pensées, il rencontra un homme. Celui-ci disait qu’il pouvait l’aider. Comment ? Parler, parler de ce dont vous avez envie… alors il parla, parla et tourna en rond. L’homme lui dit, c’est normal, revenez me voir de temps en temps… Perceval se dit que c’était une curieuse chose mais il décida de revenir, après tout au point où j’en suis se dit-il…

Perceval faisait partie de la chevalerie spirituelle, aussi la dame de son cœur était partie et il avait donc perdu son axe… à quoi bon briller, si c’est pour moi-même ?

Il repensait aux années de solitude qu’il avait connues avant de la rencontrer et se disait pourtant en ce temps je n’étais pas malheureux, j’arrivais à me suffire à moi-même ou presque… bien sûr mais chaque période a ses raisons d’être… un temps pour être seul, un temps pour aimer, sortir de soi, rencontrer l’autre, aimer… peut-on être chevalier et ne pas aimer ? Non, c’est évident.

Pendant ce temps là, son cheval l’emmenait par monts et vallées et lui faisait rencontrer des personnes, de certaines il apprenait, il redécouvrait certaines choses qu’il avait oubliées en consacrant l’essentiel de ses pensées et de son énergie à la dame de son cœur, la valeur de l’amitié…

Il songeait aussi que dans son amour il n’avait pas été plus mûr qu’un enfant. Comme le bébé tête le sein de sa mère, quand le sein lui est retiré le bébé hurle, oui il avait revécu ses plus anciennes peurs : celle d’être abandonné, de ne plus être aimé de celle qu’il aimait tant… il avait été déstabilisé par cette peur, possédé par elle. Et la dame de son cœur avait elle aussi ses peurs qu’il réactivait, ils avaient été vampirisés par cette peur qui les dépassaient et qui les incitaient à jouer une pièce dont ils ne voulaient pas. Maintenant il était trop tard, la Dame était partie.

Il se rendait compte que loin de s’être conduit en adulte, cette relation l’avait ramené à un stade infantile, où l’on ne supporte plus la souffrance, où l’on cherche l’affection comme le chaton recherche la chaleur de sa mère. Mais il savait qu’il existait une autre énergie, une joie mystique qui pouvait le rendre stable…

Le cheval cheminait.

Après tout qu’est-ce qu’un adulte, sinon quelqu’un qui a fait le deuil du foyer, de la chaleur de sa mère ? Quelqu’un qui admet sa souffrance, le manque ? Sans chercher à le remplir par autre chose… Essayer de remplir le manque par une relation affective, c’est régresser à un niveau infantile… ne pas le remplir, c’est regarder le monde en face, oui il nous manque quelque chose et ce quelque chose, ce n’est pas la Mère, c’est la vérité, le sentiment de l’Etre… c’est cela le manque, essayer de le combler autrement n’est pas digne d’un Homme. Ne pas se tromper de cible. Sentiment de l’Etre qui apporte la joie. (la suite demeure  un mystère :-))

A propos Jean-Baptiste Messier

J'ai toujours été guidé par l’idée de produire des textes originaux, provocateurs voire transgressifs. La littérature érotique est mon domaine de prédilection même si j'aime parfois composer des cocktails avec le fantastique, la SF ou la fantasy. J'écris aussi des chroniques sur des livres très divers et évoque parfois des sujets assez polémiques ou spirituels. A découvrir. ;)
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